Un rapport attendu fin septembre

Le sepsis tue plus que les accidents de la route

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Publié le 17/09/2018
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On compterait 36 000 cas annuels de sepsis en France, dont une centaine de décès causés par des sepsis à streptocoque (codés A 40 dans le PMSI) et environ 5 000 décès pour les autres formes de sepsis (codés A 41).

Ces données, issues du Programme de médicalisation des systèmes d'information (PMSI) et de la base de données CépiDc, viennent d'être présentées par le Pr Loïc Josseran, vice président de la Société française de santé publique. Elles donnent une idée, « sûrement sous évaluée » selon le Pr Josseran, d'un problème encore trop ignoré. « La mortalité du sepsis est supérieure à la mortalité routière et pourtant elle passe sous le radar », regrette-t-il.

Les victimes sont principalement des enfants de moins d’un an et les adultes de plus de 60 ans, sans différence entre homme et femme. « Le point de départ est le plus souvent une infection respiratoire, plutôt bactérienne, favorisée par le tabagisme, l’insuffisance respiratoire ou une grippe », résume le Pr Djillali Annane, chef du service de réanimation médico-chirurgicale adulte à l'hôpital Raymond-Poincaré de Garches.

Chez l'enfant, les infections bactériennes graves débouchent dans 11 % des cas sur un décès et dans 9 % des cas sur des séquelles graves, selon l'étude DIABACT III (menée sur 262 enfants admis pour une infection bactérienne sévère). Les cas les plus graves s'expliquent « par un retard au recours médical (20 % des cas), une sous-évaluation de la gravité (20 %) et un retard à l’antibiothérapie (24 %) », précise le Pr Christelle Le Guen, pédiatre et réanimatrice au service des urgences pédiatriques du CHU de Nantes.

Des outils pour aider les généralistes

Afin d'améliorer cette situation, la direction générale de la santé a missionné le Pr Annane pour fournir des pistes d'adaptation au contexte français des recommandations de l'Assemblée mondiale de la santé de mai 2017. Son rapport sera rendu à Agnès Buzyn d’ici fin septembre. Quelles seront ses préconisations ? « Le point clés est le renforcement des outils qui permettent aux médecins généralistes de référer les patients, via les médecins urgentistes, aux structures adaptés. » À l’exception du sepsis néonatal, les deux tiers des cas sont en effet d’origine communautaire.

Le rapport propose ainsi une large diffusion de la 3e définition du sepsis publiée en février 2016 par un groupe d'experts internationaux. Ce texte abolit la distinction entre sepsis et sepsis grave et propose des critères simplifiés : une pression artérielle systolique ≤ 100 mmHg, une fréquence respiratoire ≥ 22/mn et une confusion. Le choc septique constitue, quant à lui, un sous-groupe caractérisé par un besoin de traitement vasopresseur pour maintenir une PAM ≥ 65 mmHg et un taux de lactate supérieur à 18 mg/dL malgré un remplissage adéquat.

Un plan national

« Une autre proposition phare, du côté urgentiste, sera qu’au niveau du 15 ou du futur numéro unique, un circuit de prise en charge particulier se déclenche quand le mot-clé « sepsis » est prononcé » par le patient ou le médecin régulateur », ajoute le Pr Annane. Le rapport propose qu'à terme un programme national de diagnostic et de soin « du type du plan maladies rares » soit mis en place pour avancer sur la question de l’errance thérapeutique et de la rareté des thérapeutiques innovantes. Enfin, pour améliorer la compréhension du phénomène, le Pr Annane préconise le croisement des données du Système national d'information inter-régimes de l'Assurance maladie (SNIIRAM) et du PMSI pour reconstituer les parcours complets des patients avant et après leur prise en charge à l’hôpital.

Damien Coulomb

Source : Le Quotidien du médecin: 9686