L’ancêtre du VIH au crible de l’analyse génétique

Le virus simien plus ancien que supposé

Publié le 22/09/2010
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Crédit photo : SCIENCE/AAAS

L’ORIGINE du virus d’immunodéficience simien (VIS), ancêtre présumé du VIH responsable du sida, serait nettement plus ancienne que les premières estimations ne l’avaient supposé. Une équipe de chercheurs des universités d’Arizona et de Tulane a, après une analyse génétique des souches de VIS retrouvés exclusivement chez les singes de l’île de Bioko, dans le golfe de Guinée, près des côtes du Cameroun, estimé que le virus daterait de 32 000 à 75 000 ans.

L’île de Bioko est une ancienne péninsule qui s’est séparée du continent africain après l’âge glaciaire il y a plus de 10 000 ans. Ces résultats, publiés dans « Science » du 17 septembre, remettent totalement en question les précédentes estimations, qui évaluaient l’origine du SIV à quelques centaines d’années, ce qui pourrait avoir des implications pour le virus humain.

Le VIS, dont sont naturellement porteuses nombre d’espèces de singes, ne provoque pas le sida chez la plupart des primates. S’il a fallu des milliers d’années d’évolution pour que ce virus devienne peu virulent chez le signe, il se pourrait que le VIH, apparu seulement au XXe siècle, garde encore très longtemps sa virulence. Les anciennes estimations étaient compatibles avec l’hypothèse d’une perte rapide de virulence. « Nos résultats suggèrent le contraire », souligne Michael Worobey, un des auteurs principaux de l’étude. Selon lui, cela signifie qu’il faudra probablement très longtemps avant que le VIH ne suive naturellement la même évolution.

L’étude soulève aussi des questions quant à l’origine du VIH. Si les hommes ont été en contact avec des singes infectés pendant des milliers d’années en Afrique, pourquoi l’épidémie de VIH n’a-t-elle commencé qu’au XXe siècle, interrogent les chercheurs. « Quelque chose s’est produit au siècle dernier qui a changé ce rétrovirus relativement inoffensif en un pathogène d’une plus grande virulence capable de déclencher l’épidémie, note le Dr Preston Marx, autre co-auteur. Nous ignorons quel a été cet élément déclencheur mais il y en a eu un. »

 Dr L. A.

Source : Le Quotidien du Médecin: 8820