Troubles du spectre autistique

Les pratiques intégratives montrent leur efficacité

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Publié le 18/07/2019
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Une bonne adaptation des pratiques intégratives pour les profils sévères

Une bonne adaptation des pratiques intégratives pour les profils sévères
Crédit photo : Phanie

En avril dernier, la secrétaire d'État aux Personnes handicapées, Sophie Cluzel, remettait en cause le recours à la pédopsychiatrie dans la prise en charge des enfants présentant un autisme. En réponse, une étude menée en France depuis 2014 dans 19 unités de psychiatrie infanto-juvénile montre l'apport bénéfique des pratiques intégratives, mises en œuvre en pédopsychiatrie, sur le développement de ces enfants.


« La pédopsychiatrie a mauvaise presse. Certains parents vont jusqu'à refuser ce type de prise en charge. Les professionnels du secteur recherchent pourtant les réponses les plus adaptées, constate le Dr Nicole Garret-Gloannec, pédopsychiatre au CHU de Nantes, qui a porté le projet et coordonné l'étude. Avec ces résultats, qui nous ont surpris, nous sommes satisfaits de pouvoir faire valoir que nous rendons un service de qualité, alors même qu'il existe des lacunes importantes dans la prise en charge de cette population que les politiques publiques, pour diverses raisons, ne prennent pas en compte. »

Un dispositif multidisciplinaire

Concrètement, l'étude a évalué les pratiques de soins intégratives dans la prise en charge des troubles du spectre autistique. Ces pratiques, recommandées par la Haute Autorité de Santé (HAS) depuis 2012, sont définies comme un dispositif multidisciplinaire, proposant des interventions coordonnées, en relation avec les parents et l'environnement habituel de l'enfant. « Elles s'appuient sur des perspectives complémentaires : psychopathologiques, physiques et physiologiques et associe une pluralité d'interventions (thérapeutiques, éducatives, pédagogiques) et d'intervenants », précisent les auteurs de l'étude.

Des enfants de 3 à 6 ans avec un diagnostic d'autisme typique ou atypique (F84-0 et F84-1) ont ainsi été suivis pendant un an. Scolarisés, ils bénéficiaient d'intervention entre deux et quatre demi-journées par semaine. Durant les 40 mois de l'évaluation, 89 enfants ont été inclus dans l'étude. Plusieurs échelles ont été utilisées pour l'évaluation, dont les principales sont la CARS (Childhood Autistic Rating Scale) et le PEP-3 (Psycho-Educational profile). Les familles ont été associées à la recherche notamment par le biais d'un questionnaire détaillé, élaboré à partir de l'outil mis au point par la Tavistock and Portman NHS Foundation Trust (Londres). Il s'agissait de prendre en compte les observations des parents sur leurs perceptions des symptômes de l'enfant, son évolution et sur la qualité de leurs relations avec les professionnels. « Aucun groupe contrôle n'a été mis en place pour des raisons éthiques. Pour compenser cette absence, les vidéos du PEP-3 ont été visionnées par deux psychologues ne participant pas à la recherche, précise le Dr Nicole Garret-Gloannec. Cette seconde observation a débouché sur des cotations similaires. »

Des résultats significatifs

L'évaluation portait ainsi sur le développement dans le domaine de la cognition verbale et préverbale (CVP) et des comportements inadaptés dans le domaine des expressions affectives (EA). L'évolution du développement (langage et communication, niveau sensori-moteur, interactions sociales, comportements, domaine cognitif, angoisses et émotions) a également été évaluée. « Il en ressort des résultats hautement significatifs, positifs statistiquement, commente le Dr Nicole Garret-Gloannec. Les pratiques de soins intégratives permettent une amélioration marquée de la cognition, de l'expression et de la reconnaissance émotionnelle ». Par exemple, sur l'échelle CARS, qui comprend 60 points et dont un score élevé correspond à un cas sévère, les résultats moyens des scores sont passés de 44 à 37 points entre M0 et M12. « 33 % des enfants sont sortis de l'autisme sévère », se félicite le Dr Catherine Chauvin, responsable du service de pédopsychiatrie du CH Le Vinatier, qui a participé à l'étude. Il ressort ainsi une bonne adaptation des pratiques intégratives pour les profils sévères, mais aussi le « besoin d'un soutien important de l'entourage de l'enfant », souligne le Dr Nicole Garret-Gloannec. Ces résultats encourageants devraient être publiés prochainement et seront diffusés lors de présentations au congrès de la World Psychiatric Association (WPA), à Lisbonne le 22 août et au Congrès français de psychiatrie (CFP), à Nice le 5 décembre.
 


Source : Le Quotidien du médecin