Technologie

Les robots sont de service

Publié le 31/03/2011
Article réservé aux abonnés
1311599561240982_IMG_57628_HR.JPG

1311599561240982_IMG_57628_HR.JPG
Crédit photo : DR

1311599563241200_IMG_57685_HR.jpg

1311599563241200_IMG_57685_HR.jpg

PRENDRE un robot par la main et le faire marcher, tout doucement, comme si c’était ses premiers pas. C’est l’expérience d’une rencontre avec Acroban, un robot humanoïde d’une cinquantaine de centimètres capable de « locomotion dynamique semi-passive », comme disent ses concepteurs de l’INRIA (Institut national de recherche en informatique et en automatique) de Bordeaux et de l’université de Bordeaux. Sa fragilité n’est qu’apparente, il vacille mais ne tombe pas. Ses mouvements sont vivants et naturels et il interagit avec les humains qui le poussent ou lui saisissent la main. À ses côtés, Nao, autre humanoïde, 58 cm, lui aussi interactif, destiné à l’éducation et à la recherche, a été vendu à 1 100 exemplaires dans 30 pays depuis son lancement en 2008. Aldebaran Robotics vient de lever des fonds pour l’ouvrir au grand public d’ici à 2012, avec une bibliothèque de comportements à télécharger, une appstore en quelque sorte.

Car un robot, c’est un ordinateur à l’intérieur. Surtout quand il s’appelle Reeti, et qu’il est piloté par iPad ou smartphone à distance. Ce petit robot, dont c’était la première sortie grand public, a fait d’autant plus sensation qu’il est émotif. Doté de capteurs tactiles, il réagit au contact humain. Ses joues se colorent au gré de ses humeurs. Christophe Rousset, président fondateur de Robotec, dans le Var, l’a carrément doté de 15 axes de rotation, répartis sur le cou, la bouche, les yeux (munis de caméras HD) et les oreilles. Ce qui lui permet d’exprimer toute une palette d’émotions. Programmables sur l’électronique interne. Reeti a même un lecteur/graveur Blu-Ray dissimulé dans son sac à dos. Il peut servir à la vidéosurveillance aussi bien qu’à l’animation, sa synthèse vocale lui donnant la parole.

Un marché en croissance

Mais la nouveauté, c’est bien que les robots, cantonnés jusqu’ici dans les usines, les blocs chirurgicaux, les missions spatiales ou les laboratoires de recherche, arrivent dans nos maisons. Ils étaient déjà 8,7 millions de robots de service installés dans le monde en 2009. Et ils seront 11,5 millions de plus, d’ici à 2013, à passer l’aspirateur, tondre la pelouse, amuser les enfants, tenir compagnie et venir à l’aide des personnes âgées, surveiller la maison.

Signe de ce marché en croissance, la société RobotShop, fondée au Québec en 2003, a ouvert en novembre dernier un site Web dédié à l’Europe, avec un bureau français à Gonesse (95). On peut y acheter toutes sortes de robots domestiques, de l’aspirateur à 200 dollars au robot de sécurité à 10 000 dollars.

En visite à Innobio, le vendredi 25 mars, Nora Berra, secrétaire d’État chargée de la Santé, a essayé TopChair, un fauteuil roulant capable, en mode chenille, de franchir les obstacles et les marches en toute autonomie, puis a été présenté aux robots Jazz, de la société Gostai, qui font de la téléprésence et de la télésurveillance en votre absence. Avec sa caméra, son haut-parleur et ses microphones incorporés, Jazz Connect perçoit tout ce qui se passe dans son entourage. Sa tête est un écran. Mais le plus prévenant, c’est Kompaï, qui tend aux personnes dépendantes son écran tactile comme le ferait un serviteur muet. Déjà essayé à l’hôpital Broca, Kompaï parle avec son interlocuteur, il lui rappelle ses rendez-vous de la journée, tient la liste des courses, peut envoyer en cas de malaise un e-mail au médecin traitant après avoir posé les questions utiles sur l’état de la personne.

Fondé en 1985, leader européen, Robosoft compte commercialiser son premier robot de service d’ici à la fin de l’année. Les innovations ne manquent pas, l’enjeu est désormais d’ouvrir la robotique domestique au marché grand public. De démocratiser les robots avec des produits à quelques centaines d’euros.

MARIE-FRANÇOISE DE PANGE

Source : Le Quotidien du Médecin: 8935