Santé mentale des détenus

Les UHSA enfin en ordre de marche ?

Publié le 21/06/2011
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Crédit photo : ATELIER D'ARCHITECTURE HALL-IDASIAK

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Crédit photo : ATELIER D'ARCHITECTURE HALL-IDASIAK

RÉVOLUTION dans la prise en charge psychiatrique des personnes détenues, l’Unité hospitalière spécialement aménagée (UHSA) doit permettre une offre de soins comparable à celle proposée aux personnes libres. « Une UHSA, c’est un hôpital psychiatrique entouré d’une coque pénitentiaire », résume le Dr Magali Bodon-Bruzel, psychiatre responsable de secteur à l’hôpital Paul-Guiraud (Villejuif), qui accueillera d’ici à 2012 la première UHSA francilienne.

Définie très clairement par arrêté, l’architecture des UHSA a été pensée pour résoudre la problématique sécuritaire liée aux actes de soins psychiatriques dispensés aux détenus. L’UHSA, c’est d’abord un complexe hautement sécurisé : murs infranchissables, entrée unique avec sas véhicules et piétons, poste de contrôle central équipé d’un vitrage pare-balles, surveillance périmétrique (vidéo, alarmes…), ouverture des portes entièrement commandée électriquement, armurerie… La surveillance est assurée par le personnel pénitentiaire.

Au cœur de l’UHSA, les unités de soins sont uniquement occupées par le personnel soignant. L’intervention des agents pénitentiaires au sein de ces unités est encadrée dans des protocoles précis. « Toutes les UHSA sont bâties dans des centres hospitaliers. Il s’agit ici d’offrir aux personnes détenues l’accès à un plateau technique très complet dans un cadre sécurisé », souligne le Dr Bodon-Bruzel. « Dans le système hospitalier classique, ces personnes restent très peu de temps hospitalisées, du fait des difficultés logistiques », explique-t-elle. « Grâce aux UHSA, la question de la sécurisation est évacuée pour les soignants. Cela permet un soin beaucoup plus libre et de meilleure qualité, avec une dignité de prise en charge », considère la psychiatre.

Soins consentis.

Avec les UHSA, plus de recours systématique à la chambre d’isolement en hôpital classique, quel que soit l’état de santé mentale de la personne détenue. Plus besoin également d’une procédure obligatoire d’hospitalisation d’office, ce qui ouvre enfin la voie aux soins psychiatriques avec consentement pour la population carcérale. Un an après l’ouverture de la première UHSA de France, située à Bron, en banlieue de Lyon, dans l’enceinte de l’hôpital Le Vinatier, l’unité affiche un taux d’occupation de près de 100 %, avec surtout « 50 % de patients volontaires pour les soins », indique le Dr Pierre Lamothe, responsable de la structure. Faisant état d’un bilan « globalement très positif », le Dr Lamothe constate que, ces derniers mois, l’UHSA lyonnaise a trop souvent été confondue avec un centre de crise. Si l’UHSA sait répondre aux urgences psychiatriques, ce n’est toutefois pas sa vocation première. Ces soins urgents restant l’apanage des établissements hospitaliers classiques.

Ouverte en avril 2010, l’UHSA de Lyon peut accueillir une soixantaine de détenus. L’UHSA francilienne disposera d’une capacité équivalente. Rapportée à la population carcérale d’Île-de-France – près de 11 000 personnes –, l’offre de soins psychiatriques dispensée dans ce type de structures ne pourra évidemment satisfaire tout le monde. Une deuxième UHSA de 40 lits devrait voir le jour lors d’une deuxième tranche de construction d’unités. Il faudra attendre encore quelques années, sachant que la première phase de réalisation est toujours en cours.

Outre Villejuif, sept autres UHSA doivent être achevées en principe d’ici à la fin de l’année prochaine, à Rennes, Orléans, Toulouse, Bordeaux, Marseille, Lille et Nancy. Cette première tranche totalisera un ensemble de 440 lits. À terme, 17 UHSA d’une capacité de plus de 700 lits doivent être créées à l’issue de la deuxième tranche. Le 16 juin, lors de l’examen en seconde lecture du projet de loi réformant les soins psychiatriques sans consentement, la Secrétaire d’État à la Santé, Nora Berra a promis un bilan du fonctionnement de l’UHSA lyonnaise, à la demande du sénateur communiste Guy Fischer.

DAVID BILHAUT

Source : Le Quotidien du Médecin: 8986