Dans la maladie de Parkinson

L'hypothèse de l’auto-immunité est démontrée

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Publié le 22/06/2017
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Crédit photo : SEBASTIEN TOUBON

Une anomalie de l'alphasynucléine, une protéine qui s'accumule dans les cellules cérébrales des patients atteints de la maladie de Parkinson, serait à l'origine du déclenchement d'une réponse auto-immune. C'est ce que viennent de démontrer des chercheurs de l'université Columbia, à New York, et de l'institut La Jolla, en Californie.

L'idée que la maladie de Parkinson est une pathologie auto-immune n'est pas nouvelle mais personne n'en avait jusqu'ici apporté la preuve. « Nos résultats montrent que deux fragments d'alphasynucléine peuvent activer les cellules T impliquées dans les attaques auto-immunes », précise le Pr David Sulzer, spécialiste de neurobiologie qui a codirigé l'étude.

Une erreur des cellules T

L'équipe du Pr Sulzer avait déjà prouvé en 2014 que les neurones dopaminergiques modifiés par la maladie étaient vulnérables car ils possédaient, sur leur surface cellulaire, des protéines permettant au système immunitaire de reconnaître des substances étrangères. Les chercheurs en avaient conclu que les cellules T pouvaient prendre, par erreur, les neurones dopaminergiques en question pour des substances à détruire.

Cette nouvelle étude montre que c'est l'accumulation de protéines alphasynucléine endommagées qui pourrait être à l'origine de cette réaction des cellules T. « Dans la plupart des cas de maladie de Parkinson, les neurones dopaminergiques se remplissent de corps de Lewy, eux-mêmes composés de cette forme inadaptée d'alphasynucléine », indique le Pr Sulzer.

Réaction à l'alphasynucléine

Dans cette étude, les chercheurs ont recueilli des échantillons sanguins de 67 patients touchés par la maladie, et de 36 sujets contrôles. Ils les ont exposés à de l'alphasynucléine, ainsi qu'à d'autres protéines présentes dans les neurones, et ont analysé quels fragments déclenchaient une réponse auto-immune.

Une faible activité auto-immune a été observée dans les échantillons du groupe contrôle, tandis que les cellules T du groupe patients (programmées pour reconnaître l'alphasynucléine depuis une précédente exposition) montraient une réponse forte.

Le Pr Sulzer émet l'hypothèse que l'auto-immunité dans la maladie de Parkinson survient quand les neurones ne sont plus capables de se débarrasser des protéines alphasynucléines anormales. « Les cellules jeunes et saines recyclent les protéines endommagées, mais ce processus s'essouffle avec l'âge et dans certaines maladies, dont le Parkinson, explique-t-il. Si l'alphasynucléine anormale commence à s'accumuler, elle peut alors être prise à tort pour un pathogène qui doit d'être attaqué. » La dégénérescence neuronale pourrait ainsi être prévenue et les symptômes atténués en bloquant la réponse immunitaire, espèrent les auteurs.

Fabienne Rigal

Source : Le Quotidien du médecin: 9591