Pas de traitement miracle, mais des options selon les patients

L’industrie pharmaceutique fait le point sur le Covid-19

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Publié le 11/09/2020
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Réunis lors d'un point presse virtuel, des grands acteurs de l'industrie pharmaceutique ont fait le point sur les échecs et les promesses de la recherche mondiale contre le Covid-19.
22 sociétés de l’IFPMA ont lancé 81 essais cliniques

22 sociétés de l’IFPMA ont lancé 81 essais cliniques
Crédit photo : Phanie

« Il n’y aura certainement pas de solution miracle et unique pour guérir tout le monde », a prévenu Thomas Cueni, directeur de la Fédération internationale de l'industrie du médicament (IFPMA), lors d’un point presse virtuel sur le Covid-19, le 3 septembre. Selon lui, les réponses thérapeutiques seront diverses et adaptées à différentes catégories de patients.

Avec quelques dirigeants des géants du secteur (Roche, Gilead, MSD, Eli Lilly, Pfizer), Thomas Cueni a commencé par saluer la collaboration des industriels face au Covid-19. « Le degré de collaboration de l’industrie est sans précédent, même si nous sommes tous concurrents, a assuré le Dr Severin Schwan, directeur général (DG) de Roche. Je n’ai jamais vu ça de ma carrière et j’en suis fier ».

Des promesses déçues et des pistes encourageantes

Les 22 sociétés de l’IFPMA ont lancé 81 essais cliniques pour évaluer l’efficacité de différents traitements existants réorientés vers le Covid-19. « Certains traitements n’ont pas été à la hauteur des espoirs », constate l’IFPMA, dans un communiqué, soulignant que des essais « rigoureux » avaient montré que l'hydroxychloroquine ne donnait pas de résultats pour les patients atteints de formes légères de l’infection.

Même constat pour le tocilizumab, envisagé dans la prise en charge des patients atteints d’une pneumonie sévère associée au Covid : « des essais cliniques solides ont été menés mais, malheureusement, ils n’ont pas abouti », explique le patron de Roche, qui commercialise l’Actemra. Le groupe explore actuellement la piste d’une prise combinée avec le remdesivir. Ce dernier a montré des résultats encourageants en phase clinique avancée, seul ou en association. Il a obtenu une autorisation d’utilisation en urgence dans le traitement du Covid-19 aux États-Unis en mai, en Europe en juillet, mais aussi dans une cinquantaine de pays dans le monde.

Des alliances pour la fabrication à grande échelle

Le fabricant du remdesivir, le laboratoire Gilead, qui est parvenu à réduire ses délais de fabrication de 12 à 6 mois, a passé en août un accord de sous-traitance avec Pfizer pour assurer une production à grande échelle. « Nous avons beaucoup investi pour augmenter la production de remdesivir de sorte que, avec deux millions de doses à la fin de l’année, nous en aurons suffisamment pour faire face à la demande », a commenté Daniel O’Day, le PDG de Gilead.

D’autres antiviraux sont encore dans la course. Le Fapiravir est au cœur d’un essai international en cours. Le MK-4482 a montré une activité contre le SARS-CoV-2 lors d’études précliniques et va faire dans les semaines à venir l’objet d’un essai de phase 2 auprès de patients hospitalisés ou non.

Plusieurs essais en cours portent par ailleurs sur des anticorps monoclonaux, menés notamment par AstraZeneca et Eli Lilly. Plusieurs acteurs (Eli Lilly, AstraZeneca, Roche, Amgen, GSK et AbCellera) partagent désormais des informations de fabrication en vue d’accélérer la production, en cas de succès de ces essais.

Autre piste, le plasma de patients convalescents est aussi à l’étude dans plusieurs essais. Là aussi, les industriels anticipent de potentiels résultats positifs et s’organisent pour répondre à la demande mondiale en cas de besoin. Les laboratoires Takeda et CSL ont conclu une alliance avec huit autres sociétés de plasma pour développer une thérapie potentielle dérivée du plasma pour le traitement du Covid-19.

L’espoir pointe enfin du côté des corticoïdes. La dexaméthasone notamment s'est révélée efficace pour les patients Covid sévères sous oxygénothérapie. L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) vient de publier des recommandations sur la place des corticoïdes dans la prise en charge de l'infection, rappelant le manque de preuves pour son bénéfice sur les formes bénignes.

En matière de vaccins, plusieurs candidats sont à l’étude. En réponse aux craintes sur la sécurité de vaccins développés en un temps record, « nous ne rognerons sur rien », s’est engagé le Dr Albert Bourla, directeur général de Pfizer, dont le candidat vaccin, développé avec BioNtech, est entré fin juillet en phase 3. « Nous ne sacrifierons la sécurité sous aucun prétexte », a renchéri Kenneth Frazier, le président-directeur général de Merck/MSD.

Elsa Bellanger

Source : Le Quotidien du médecin