Maladies cardiovasculaires, cancers et suicide, les 3 premières causes de décès de ceux qui souffrent de troubles mentaux

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Publié le 24/10/2017
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Crédit photo : S. Toubon

Quel est le poids des troubles mentaux (TM) dans la mortalité ? Une étude publiée dans le « Bulletin épidémiologique hebdomadaire » (« BEH ») de Santé publique France tente de le cerner en se penchant sur les certificats médicaux de décès, entre 2000 et 2013 en France (hors Mayotte), qui mentionnent les causes initiales de la mort et les causes associées (base nationale CépiDc-INSERM). 

Sur cette période de treize années, 783 403 décès avec mention de troubles mentaux sont survenus, soit 10,3 % de l'ensemble des décès, et chaque année, 55 957 décès annuels. Les hommes sont légèrement sur-représentés (407 717 décès, vs 375 686 pour les femmes), soulignent les auteurs Catherine Ha, Alsa Decool, Christine Chan Chee.

Mortalité précoce

L'âge au décès chez les hommes est de 68,9 ans (vs 72,4 ans sans TM), si l'on prend en compte tous les troubles, TM organiques (démences, exception faite de l'Alzheimer) et TM non organiques. Mais il est beaucoup plus bas si l'on regarde uniquement les TM organiques : 62,7 ans. Et descend encore quand on regarde les troubles liés à l'utilisation de substances psychoactives (61,5 ans), l'alcool (59,4), et la schizophrénie (55,9). 

Chez les femmes, l'âge au décès est étonnamment plus élevé avec TM que sans troubles (81,6 vs 80,2) ; l'explication tiendrait à l'âge élevé des décès liés aux démences (88 ans). Mais comme les hommes, les femmes souffrant de schizophrénie ou d'addiction à l'alcool meurent bien plus jeunes (respectivement 67,6 ans et 60,7 ans).  

Hommes et femmes se distinguent sur un autre point : les troubles liées aux substances psychoactives représentent plus de 50 % des décès masculins, et seulement 13,6 % des décès féminins ; à l'inverse, les troubles organiques représentent plus de 62 % des décès féminins, et 30 % des décès masculins. 

Les troubles mentaux (surtout les démences) figurent comme cause principale du décès dans un tiers des cas. Parmi les troubles non organiques (18 %), ceux liés à l'alcool et à la schizophrénie arrivent dans 25 et 24 % des cas. 

En termes d'évolution, les taux de décès standardisés sur l'âge ont baissé entre 2000 et 2013 de 15 %, malgré un pic en 2003 lié à l'épisode caniculaire. 

Maladies cardio-vasculaires, cancers et suicide en cause 

Les maladies cardio-vasculaires arrivent en première position parmi les décès avec mention de troubles mentaux (27,3 %) ; puis viennent les cancers (18 %) et les suicides (11,1 %) ; et enfin, les causes digestives, respiratoires et accidents et agressions. Des proportions différentes de celles qu'on trouve en population générale, où les cancers sont la première cause de mortalité (31 %), suivis par les maladies cardio-vasculaires (28,9 %), le suicide ne comptant que pour 1,3 % (neuf fois moins). 

Par ailleurs, près de 40 % des suicides portent la mention de troubles mentaux, lit-on (36 % chez les hommes, 48 % chez les femmes) : ce sont des troubles de l'humeur surtout (pour 31,8 % des décès par suicide), en particulier la dépression (30 %).  

Les décès avec mention de troubles liés à l'alcool sont au nombre de 12 000 par an en moyenne, soit 21,5 % des décès avec mention de TM (et 2,2 % du total des décès). 

Les auteurs concluent à l'importance de prendre soin de la santé physique, aussi bien que mentale, des personnes souffrant de troubles mentaux, et de la nécessité de développer des actions de prévention, sur les facteurs de risque cardio-vasculaire, respiratoire, métabolique (tabac, alcool, addictions, sédentarité, nutritions), et sur le suicide.


Source : lequotidiendumedecin.fr