Maladies rénales : un plan national de recherche sans financement public

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Publié le 10/03/2016
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Crédit photo : S. TOUBON

La Fondation du rein, en association avec la société francophone de néphrologie dialyse et transplantation, l'Institut thématique multi-organisme (ITMO) Physiopathologie, métabolisme, nutrition et l'INSERM travaillent actuellement à la mise au point d'un programme national de recherche pluriannuel sur les pathologies rénales, comme nous l'apprend le Pr Pierre Ronco du service « néphrologie et dialyses » de l'hôpital Tenon (AP-HP).

Rencontré en amont de la journée mondiale du rein, ce membre du conseil scientifique du plan affirme que « ce programme embrassera l'ensemble des pathologies en lien avec l'insuffisance rénale ».

Dans les semaines qui viennent, les participants vont identifier les priorités de recherche. Faute de financement institutionnel, c'est vers le mécénat que vont se tourner les néphrologues. « Nous allons tenter de faire appel au sponsoring ciblé, explique le Pr Ronco, des programmes de recherche sur les lithiases, peuvent par exemple intéresser les industries de l'eau. »

Une culture du mécénat

En ce qui concerne les objectifs du plan en matière de financement, le Pr Pascal Houillet, de l'hôpital européen Georges Pompidou espère parvenir « à rassembler des fonds équivalents à ceux d'autres fondations européennes : la fondation allemande pour la recherche sur l'insuffisance rénale distribue plus de 2 millions d'euros, la fondation néerlandaise 15 millions, et les Britanniques 8 millions. Il s'agit toutefois de pays qui ont une culture du mécénat plus développée que la nôtre ».

Cet appel du pied aux financements privés est motivé, selon la Fondation du Rein, par un manque chronique de soutien public à la recherche touchant aux pathologies rénales. Pour le Pr Renato Monteiro, du centre de recherche sur l'inflammation de l'université Paris 7 et lauréat du prix de la Fondation du Rein 2015-2016, « les maladies du rein et les pathologies inflammatoires sont un peu oubliées en France, regrette-t-il. La néphrologie attire les jeunes médecins mais ils n'ont souvent pas la possibilité de faire une thèse et donc de la recherche. »

L'autre problème soulevé par le Pr Monteiro est le fait que « les étudiants scientifiques sont poussés par d'autres disciplines transversales comme l'immunologie, la virologie qui sont des maladies moins silencieuses et plus médiatiques Il faut mettre des financements sur la table pour attirer les doctorants. »

Le déficit d'image

Au niveau des financements obtenus via l'Agence nationale de la recherche (dont la dotation est passée de 850 millions d'euros en 2008 à 535 en 2014) et les concours INSERM, « il y a un effet d'étranglement, qui a empiré ces dernières années, lié au fait que l'on ne parvient à remporter des financements que si l'on publie dans des revues prestigieuses, ce qui n'est possible en néphrologique qu'au bout de nombreuses années de recherche », explique le Pr Monteiro qui n'est pas seul à reconnaître que la néphrologie souffre de la concurrence d'autres disciplines, surtout en ces temps de disette budgétaire.

Pour le Pr Ronco, « le fait qu'il n’y ait qu'une commission unique de Physiologie et physiopathologie des systèmes cardiaque, vasculaire, pulmonaire, néphrologique et musculaire au sein de l'INSERM lamine tous nos efforts ».


Source : lequotidiendumedecin.fr