Des associations dénoncent

Menaces sur les migrants de Calais

Publié le 24/02/2010
Article réservé aux abonnés
1276110528F_600x_132230_IMG_30448_1267201490293.jpg

1276110528F_600x_132230_IMG_30448_1267201490293.jpg
Crédit photo : AFP

REGROUPEMENT de diverses structures, parmi lesquelles Médecins du monde, la Croix-Rouge française, Amnesty et le Haut Commissariat de l’ONU pour les réfugiés, la CFDA s’inquiète des « conséquences des pratiques policières sur l’intégrité physique et mentale des migrants du Nord-Ouest de la France ». Le démantèlement de la jungle de Calais, le 22 septembre, pas plus que la fermeture de Sangatte, en 2002, n’a fait disparaître du littoral de la Manche et de la mer du Nord ces populations à la recherche d’un passage vers le Royaume-Uni. Selon les associations, elles auraient été victimes durant cet hiver d’ « atteintes sérieuses et graves à leur dignité et à leur intégrité », de la part des forces de police. Dans la lettre envoyée au ministre de l’Immigration, Éric Besson, la coordination dénonce la pression constante que celles-ci exercent et qui finit par priver ces personnes du besoin essentiel de repos, les exposant sans protection à la rigueur du froid, aggravant leur situation avec une politique indigne des êtres humains.

Vulnérabilité.

« Actuellement au nombre de 200, soumis à un harcèlement continuel, plusieurs migrants ont été pris en charge pour des traumatismes liés à des bagarres entre communautés », rapporte le Dr Mohamed El Mouden, médecin urgentiste et responsable de la PASS (Permanence d’accès aux soins) du CH de Calais. « Ces tensions interethniques, selon le médecin urgentiste, traduisent l’aggravation de la vulnérabilité des migrants, dont les territoires refuges sont régulièrement réduits ».

Pour Jean-Pierre Leclercq, président de l’association SALAM, qui intervient en particulier pour distribuer les repas du soir, «  la police n’a pas hésité, ces derniers temps, malgré la météo, à déchirer les duvets ou à les jeter à l’eau, confisquant les tentes que nous distribuons, ainsi que le bois de chauffage, pour exposer les personnes sans protection à la rigueur du froid. Tout est fait dans le Calaisis pour pourrir la vie des migrants.  »

Dans le même temps, les interventions policières se multiplient à l’encontre des militants associatifs, à commencer par les plus jeunes, observe encore Jean-Pierre Leclercq, qui déplore aussi des procédures judiciaires lancées pour délit d’outrage contre certains responsables associatifs, tel Jean-Claude Lenoir, le vice-président de SALAM .

C’est dans ce contexte que la CFDA fait connaître sa « plus profonde indignation » en s’adressant au ministre Besson, responsable, selon elle, du « drame humain quotidien qui découle des instructions données aux forces de police, alors que l’État français a l’obligation de protéger les personnes présentes sur son territoire en s’abstenant de leur infliger des conditions de vie indignes et inhumaines, quel que soit leur statut. »

Avec la baisse des températures intervenues il y a dix jours, la mairie de Calais a cependant ouvert pendant quelques nuits un gymnase chauffé, en application du stade 2 du plan grand froid. De son côté, le CEC (Conseil des églises chrétiennes en France, qui regroupe catholiques, protestants et orthodoxes) publie un communiqué pour « encourager les bénévoles » à « accueillir et accompagner les migrants en rejoignant les associations qui les aident à préserver leur dignité et à faire valoir leurs droits dans un contexte de plus en plus restrictif en matière de politique migratoire ».

 CHRISTIAN DELAHAYE

Source : Le Quotidien du Médecin: 8716