Méningocoque C : un variant sexuellement transmissible identifié par des chercheurs allemands et français

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Publié le 12/05/2016
Méningocoque

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Crédit photo : PHANIE

Une collaboration de chercheurs de l'Institut Pasteur, des universités allemandes de Würzburg, Münster et Greifswald, du Robert Koch-Institut et de l’Institut de veille sanitaire (InVS) vient d'identifier pour la première fois un variant sexuellement transmissible du méningocoque. Les travaux publiés dans « PLoS ONE » ont été menés à partir des données issues de l'épidémie d'infections à méningocoques C de 2003 qui a touché les hommes ayant des relations sexuelles avec d'autres hommes (HSH) aux États-Unis et en Europe.

Les chercheurs ont séquencé le génome entier de souches isolées dans des prélèvements urétraux réalisés au cours de l’épidémie et ont comparé la totalité des protéines exprimées à celles détectées dans des échantillons d’autres patients. En Allemagne et en France, les souches de méningocoques isolées appartenaient au même groupe, le complexe clonal 11.

Croissance anaérobie

Le nouveau variant présentait des modifications spécifiques qui permettaient sa croissance sans oxygène. En effet, ce nouveau variant était capable de produire de la nitrite réductase, une enzyme qui permet une croissance anaérobie. Cette caractéristique est fréquente chez les gonocoques, mais plus rare chez les méningocoques qui leur sont pourtant très proches.

Cette découverte a soulevé l’hypothèse de l’adaptation des méningocoques à la voie de transmission génito-urinaire alors que la transmission classique des méningocoques se fait par les gouttelettes respiratoires.

« Bien que des études de cas d’infections génito-urinaires aient été publiées à plusieurs reprises, nous émettons une hypothèse mécaniste sur comment l’adaptation à la niche génito-urinaire a pu se développer », indique Muhamed-Kheir Taha, responsable du Centre national de référence des méningocoques de l’Institut Pasteur.

Évolution rapide

La nouvelle souche fait preuve d'une capacité améliorée à se multiplier dans le sang, augmentant sa virulence par rapport aux échantillons génito-urinaires. Elle exprime une protéine se liant au facteur H humain, associée à une meilleure survie chez des souris transgéniques exprimant le facteur H.

Les chercheurs ont montré qu’en Allemagne et en France, le nouveau variant isolé avait évolué récemment. « L’émergence de cette souche révèle que les méningocoques sont extrêmement souples et qu’ils modifient très rapidement leur phénotype afin de s’adapter efficacement à de nouvelles conditions », précise le Pr Ulrich Vogel, du laboratoire de référence des méningocoques de l’université de Würzburg.


Source : lequotidiendumedecin.fr