Mort subite des sportifs : une étude canadienne montre l'efficacité de l'ECG en prévention

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Publié le 30/09/2016

Dans 90 % des cas, les décès par mort subite des jeunes sportifs sont liés à des pathologies cardiovasculaires sous-jacentes pour lesquelles il n'existe généralement pas ou peu de signes cliniques. En octobre 2010, l'Académie nationale de médecine estimait que « le nombre de morts subites de jeunes sportifs [était] probablement de l’ordre de quelques dizaines de cas annuels en France (probablement moins de 150 cas/an). »

Pas de consensus international pour le dépistage

Une équipe de cardiologues canadiens vient de publier, dans le « Canadian Journal of Cardiology » une étude comparative entre un nouveau protocole de dépistage de la MCS qu'ils ont mis au point (protocole SCBC pour SportsCardiologyBC) et le protocole de l'American Heart Association (AHA). Il n'existe, en effet, pas de consensus sur la meilleure façon d'effectuer un tel dépistage chez les jeunes athlètes.

Le protocole canadien ainsi que celui de l'AHA comprennent tous les deux un questionnaire et un électrocardiogramme (ECG) 12 dérivations. Le protocole américain inclut également un examen physique avec auscultation mais l'un de ses principaux défauts est qu'il génère de nombreux faux positifs qui impliquent la mise en place d'examens complémentaires avec un cardiologue. Le protocole SCBC, lui, ne prévoit pas d'examen physique mais inclut un questionnaire factuel, différent de celui de l'AHA, élaboré de façon à pouvoir mieux identifier les signes évocateurs d'une pathologie cardiaque.

Un dépistage sur 1 419 jeunes athlètes

Les médecins ont donc effectué un dépistage prospectif auprès de 1 419 jeunes athlètes de compétition canadiens, âgés de 12 à 35 ans. Parmi eux, 680 ont été soumis au protocole de l'AHA et 679 au protocole SCBC. Dans le groupe « protocole AHA », 57 sportifs (8,4 %) ont été orientés vers un cardiologue, dont 14 (24,6 %) du fait d'un ECG anormal. Dans le groupe « protocole SCBC », 30 jeunes (4,4 %) ont été dirigés vers un cardiologue dont 7 (23,3 %) pour un ECG anormal. Le protocole américain a abouti au suivi de 8,4 % des athlètes ; le protocole SCBC à 4,4 % d'entre eux. Le nombre de faux positifs était plus élevé avec le questionnaire de l'AHA (8,1 %) qu'avec le questionnaire canadien (3,7 %).

Au final, un diagnostic d'importance clinique a été posé pour 7 des jeunes athlètes inclus dans l'étude (2 pour le protocole AHA et 5 pour le protocole SCBC) et l'ECG a permis de repérer la plupart des cas positifs (la valeur prédictive positive de l'ECG était de 7,1 % pour le protocole de l'AHA et de 71,4 % pour le protocole SCBC).

L'étude indique également que l'examen physique n'apporte pas de plus-value. Au contraire, il augmente le nombre de faux positifs et ne permet pas forcément de détecter les pathologies cardiaques. Selon Michael Papadakis, de la St. George's University of London, s'exprimant dans un éditorial associé à la publication : « Cela n'a rien de surprenant car l'auscultation cardiaque nécessite des années d'expérience et les conditions de travail lors d'un dépistage collectif ne sont pas idéales pour une auscultation cardiaque méticuleuse. »

Un questionnaire et un ECG mais pas d'examen physique

L'étude conclut donc sur la nécessité de supprimer l'examen physique du dépistage des jeunes athlètes et d'y inclure un questionnaire plus spécifique que celui préconisé par l'AHA, couplé à un ECG. Les cardiologues recommandent également que leurs résultats puissent être confrontés à la pratique courante.

En France, la Société française de cardiologie reconnaît l’utilité de la pratique d’un ECG 12 dérivations de dépistage chez tous les sujets sportifs de compétition entre 12 et 35 ans.


Source : lequotidiendumedecin.fr