Colloque de l'association Schizo?... oui

Nouvelles pistes, nouveaux espoirs

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Publié le 13/11/2017
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schizophrénie

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Crédit photo : PHANIE

Chaque année, en France, environ 10 000 adolescents sont frappés par la maladie, la première cause de handicap des jeunes adultes.

Malgré des années de recherche, les causes exactes de la schizophrénie restent encore inconnues et la prise en charge des patients n'a pas connu d'évolution majeure depuis plusieurs dizaines d'années. « Pour avancer dans cette voie, les chercheurs tentent de mieux caractériser cette maladie dont les manifestations et symptômes sont très hétérogènes, avec l'ambition de différencier différents sous-groupes de patients permettant de développer des stratégies thérapeutiques personnalisées », explique le Pr Marion Leboyer, directrice de la Fondation FondaMental (Créteil) Lors du colloque de l’Association Schizo ?...Oui. Le rôle joué par le système immunitaire dans l'apparition de la schizophrénie est particulièrement étudié. À ce jour, les hypothèses les plus robustes suggèrent que des mécanismes auto-immuns s'activeraient sous l'effet d'agents infectieux. Les facteurs génétiques et environnementaux (complications obstétricales, infections, stress maternel, trauma infantiles, hypovitaminose D, cannabis, isolement, précarité, migration…) joueraient un rôle important. Il est ainsi possible d'agir en prévention primaire, de mieux identifier les sujets à risque et de cibler les sous-groupes présentant des anomalies inflammatoires pour pouvoir les traiter par des thérapies adaptées (anti-inflammatoires/immunomodulateurs, anti-infectieux/antibiotiques, probiotiques…) « C'est dans cette optique que des Centres experts schizophrénie se sont développés en France. En 10 ans, un réseau de 45 centres experts s'est créé en lien avec 70 laboratoires de recherche. Plus de 10 000 patients sont suivis. C'est un premier pas vers la médecine personnalisée en santé mentale », rappelle le Pr Marion Leboyer.

Améliorer la précocité et la précision du diagnostic

La maladie doit être prise en charge très vite car elle risque d’évoluer vers des formes chroniques invalidantes, du fait des suicides et des maladies somatiques non détectées. Il existe encore un délai beaucoup trop long entre l'apparition des symptômes et le début du traitement : de l'ordre de 2 ans avec des impacts importants, notamment le risque de suicide (15 % des patients tentent de se suicider avant une mise en route d’un traitement). Les autres conséquences graves de ce retard de diagnostic sont une mauvaise réponse au traitement, une mauvaise évolution fonctionnelle, le développement de comorbidités addictives (abus de drogues), psychiatriques (dépression, anxiété) et médicales (obésité, maladies cardiovasculaires, auto-immunes). Ces comorbidités ne sont pas suffisamment prises en charge. « Deux tiers des patients ne sont pas traités correctement pour les pathologies cardio-métaboliques et seulement 10 % d’entre eux sont traités par un antihypertenseur », souligne le Pr Marion Leboyer. Or chez ces patients, les maladies cardiovasculaires sont la première cause de décès après le suicide. Leur espérance de vie est diminuée de 10 à 20 ans et leur taux de mortalité est 3 à 5 fois supérieur comparé à la population générale (données OMS 2015). Les 3 à 5 premières années de la maladie sont une période critique de meilleure réponse au traitement et de meilleur pronostic. C’est donc à ce moment crucial, dès le début des symptômes qu’il faut agir.

 

Christine Fallet

Source : Le Quotidien du médecin: 9618