Obésité et Covid-19 : la piste du nivolumab pour stimuler la réponse immunitaire

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Publié le 19/05/2020
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Crédit photo : Phanie

Le 15 mai dernier, le ministre de la Santé Olivier Véran annonçait le financement de 45 nouveaux projets de recherche appliquée sur la Covid-19, grâce à une enveloppe de 22 millions d'euros. 

Parmi eux, l'étude NIVISCO, pilotée par le Pr Emmanuel Disse, chef de service d'endocrinologie Diabète et Nutrition des Hospices Civils de Lyon, vise à évaluer l'efficacité et la sécurité d'un traitement par nivolumab en immuno-stimulation chez les sujets adultes obèses hospitalisés à risque d’évolution sévère du Covid-19. Ainsi sélectionnée lors de l'appel d'offres DGOS- Reacting INSERM, l'étude est dotée d'un financement de plus de 500 000 euros. 

Un essai randomisé chez 180 patients

NIVISCO est un essai multicentrique randomisé contrôlé en deux groupes parallèles. Quelque 120 patients vont être traités par le nivolumab et 60 recevoir les soins standard de l'infection Covid-19. Les six centres dédiés à l'obésité du réseau FORCE y participent, à Lyon, Nantes, Rennes, Poitiers et Orléans.

L'équipe lyonnaise du Dr Cyrielle Caussy et du Pr Emmanuel Disse, membres du service d’Endocrinologie Diabète et Nutrition (Centre Intégré de l’Obésité des Hospices Civils de Lyon) et du réseau de recherche clinique thématique FORCE (F-CRIN), a déjà montré que les personnes souffrant d'obésité sont surreprésentées parmi les patients hospitalisés pour Covid.

Selon une étude publiée dans « The Lancet Diabetes Endocrinology », menée sur 340 patients souffrant de Covid-19 et hospitalisés au 27 mars (dont 110 en réanimation), ceux atteints d'obésité étaient 35 % plus nombreux à être hospitalisés que la population générale. Un constat qui rejoint les enseignements de la cohorte de 124 patients du CHRU de Lille, qui montre aussi une surreprésentation des sujets obèses admis en réanimation pour problèmes respiratoires graves liés à la Covid-19. 

Un système immunitaire vieillissant prématurément

Les spécialistes font l'hypothèse que les personnes avec obésité ont un système immunitaire défectueux, vieillissant prématurément. Or la Covid-19 aurait dans son mécanisme de propagation la capacité de bloquer la réponse lymphocytaire du système immunitaire et ce particulièrement chez les sujets de plus de 70 ans et les personnes avec obésité ayant déjà une réponse lymphocytaire altérée.

Le nivolumab, utilisé en cancérologie pour traiter les mélanomes et cancers du poumon, pourrait alors être pertinent pour stimuler la réponse lymphocytaire des patients atteints de Covid-19, dans la phase précoce de la maladie (10 premiers jours), selon l'équipe lyonnaise. Cet essai thérapeutique est le premier en Europe à tester la molécule dans l'infection Covid. Le nivolumab pourrait, s'il s'avère efficace et sûr pour les sujets avec obésité, être proposé à d'autres patients immunodéprimés infectés.


Source : lequotidiendumedecin.fr