Parkinson : la cardiolipine, un maillon manquant qui corrobore l'intérêt de l'immunothérapie

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Publié le 26/02/2018
Parkinson

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Crédit photo : Phanie

La maladie de Parkinson est associée à des anomalies mitochondriales sans que le lien entre les deux ne soit clairement décrit. Des chercheurs de l'université de Guelph démontrent dans « Nature Communications » le rôle physio-pathologique central joué par la cardiolipine, une molécule de la membrane lipidique mitochondriale.

La cardiolipine serait impliquée dans la conformation de l'α-synucléine, cette protéine identifiée comme pathogène dans la maladie, révèle l'équipe dirigée par le Pr Scott Ryan d'après des travaux in vitro sur des cellules humaines.

Un rôle « vital » joué au sein de la mitochondrie

Pour le chercheur canadien et auteur senior : « L'identification du rôle crucial que joue la cardiolipine pour garder ces protéines fonctionnelles signifie que la cardiolipine pourrait être une nouvelle cible dans le développement de thérapies contre la maladie de Parkinson. »

Dans des travaux sur des cellules porteuses de mutations à très haut risque, les chercheurs montrent le rôle protecteur de la cardiolipine, mais qui est débordée au cours de la maladie. La cardiolipine transloque au niveau de la membrane externe mitochondriale, où elle se lie à l'α-synucléine mutée, afin de faciliter la conformation de l'α-synucléine en une forme non toxique avec α-hélice, montrent les chercheurs. De plus, la cardiolipine membranaire est capable d'éliminer les monomères α-synucléine des fibrilles oligomériques afin de faciliter leur reconformation en des monomères avec α-hélices, ajoutent les scientifiques.

Un mécanisme protecteur dépassé

Au cours de la maladie de Parkinson, les mitochondries sont si submergées qu'elles finissent par être détruites. « En conséquence, les cellules meurent peu à peu, explique Scott Ryan. Grâce à cette découverte, nous comprenons mieux pourquoi les cellules nerveuses meurent dans la maladie de Parkinson et comment nous pourrions intervenir. »

L'immunothérapie, une piste à ne pas lâcher

D'ores et déjà, les chercheurs confirment l'intérêt de l'immunothérapie anti-synucléine, récemment développée et testée dans la maladie neurodégénérative. La maladie de Parkinson a été récemment identifiée comme étant transmissible d'une cellule à une autre, d'après des observations chez des patients ayant eu une greffe neuronale. Les dépôts fibrillaires peuvent passer d'une cellule du patient à une cellule greffée.

Ce mode de propagation de cellule à cellule sur le mode pseudo-prion est corroboré par l'équipe canadienne. Après avoir montré la transmission de la pathologie mitochondriale, les chercheurs ont même montré que des anticorps (Ac) monoclonaux anti-synucléine, sont capables de bloquer le phénomène. « L'immunothérapie α-synucléine est une piste prometteuse, qui justifie d'être explorée et les approches thérapeutiques qui bloquent la transmission de l'α-synucléine pourraient avoir un rôle en traitement adjuvant », concluent les auteurs.  


Source : lequotidiendumedecin.fr