Réforme de l’Organisation mondiale de la santé

Plus efficace et plus transparente

Publié le 24/05/2011
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Crédit photo : AFP

C’EST PAR un discours résolument offensif que Margaret Chan, à la tête de l’OMS depuis cinq ans, a accueilli les participants de la grand messe annuelle de son organisation. « N’oublions jamais les gens », leur a-t-elle lancé avant de poursuivre : « Nos débats et nos discussions n’ont de sens que s’ils améliorent la santé des gens et soulagent leurs souffrances ». Parmi les réalisations à mettre au crédit de l’organisation internationale, beaucoup sont en faveur des populations des pays pauvres, en particulier d’Afrique. Fin 2010, moins d’une décennie après le lancement du Projet de vaccins contre la méningite (un partenariat entre l’OMS et PATH), un nouveau vaccin conjugué contre le méningocoque A, MenAfriVac, était introduit dans trois des pays les plus touchés, au Burkina Faso, au Mali et au Niger. De même, en décembre 2010, l’OMS approuvait un nouveau test de diagnostic rapide de la tuberculose capable d’identifier aussi les tuberculoses résistantes. Le test d’amplification des acides nucléiques (TAAN) totalement automatisé est désormais disponible dans plus de 30 pays. Dans le domaine du VIH, plus de 6 millions de personnes sont aujourd’hui traitées. La lutte contre le paludisme fait des progrès et les maladies tropicales négligées bénéficient désormais de dons massifs de médicaments provenant des laboratoires pharmaceutiques. « Contre toute attente, la maladie du sommeil ou trypanosomiase humaine africaine, maladie qui entraîne un taux de mortalité de 100 % et contre laquelle les outils de lutte sont imparfaits, devrait également pouvoir être éliminée dans un proche avenir », s’est réjoui, le directeur général.

Si la poliomyélite n’est pas éradiquée, une baisse de 95 % des cas est enregistrée en Inde ou au Nigeria, pays les plus concernés.

Grâce à ces avancées et à la généralisation de la vaccination, « la mortalité des enfants de moins de cinq ans a atteint sont plus bas niveau depuis 60 ans ». Les femmes ne sont pas en reste puisqu’après des années de stagnation, les estimations de 2010 font apparaître une baisse de la mortalité maternelle jusqu’à 60 % dans des régions comme l’Asie centrale ou l’Afrique du Nord.

Mais de nouveaux défis se profilent. Les maladies non transmissibles contribuent pour plus de 60 % à la mortalité mondiale. La lutte contre les menaces sanitaires en est un autre. Le comité d’examen établi dans le cadre du Règlement sanitaire internationale (RSI) a finalisé et rendu public lors de l’Assemblée, son rapport d’évaluation de l’action de l’OMS au cours de la pandémie de grippe A(H1N1) 2009. Aux yeux de Margaret Chan cette évaluation « devait répondre à deux questions importantes et donner à chacune une réponse claire. Premièrement, l’OMS a-t-elle communiqué comme il le fallait ? S’agissait-il vraiment d’une pandémie ? Deuxièmement, les décisions, les avis et les actions de l’OMS ont-ils été déterminés, de quelque manière que ce soit, par des liens avec l’industrie pharmaceutique ? » La directrice de l’OMS s’est voulu encore plus précise : « En d’autres termes, l’OMS a t-elle déclaré une fausse pandémie pour que l’industrie en profite ? ». Sur ces deux points, « le rapport met l’OMS hors de cause », a-t-elle asséné tout en affirmant vouloir tenir compte des critiques « constructives » et des recommandations formulées dans le rapport.

Pour faire face à ses défis et compte-tenu, le Dr Chan s’est engagée à mener une grande réforme de ses structures et méthodes de gestion financière et comptable, « la plus profonde » qu’ait connue l’OMS au cours de ces 63 ans d’existence. « Quand l’OMS s’occupait principalement de bactéries ou de virus, d’hygiène, de médicaments, de vaccins et de secteurs apparentés, comme l’approvisionnement en eau et l’assainissement, notre travail était beaucoup plus simple », a-t-elle expliqué. L’adaptation est désormais urgente. La directrice générale en a décrit les principales lignes : « J’ai la vision d’une OMS écoutant davantage ses nombreux partenaires travaillant pour la santé, tout en les encourageant à parler d’une même voix », une OMS dotée d’une organisation « efficace, efficiente, réactive, objective, transparente et responsable ». Elle a promis de conduire le processus en accord avec les Etats-membres qui ont plutôt bien accueilli le projet de réforme.

Toutefois la baisse des fonds versés par les donateurs, représentant 80 % du budget de l’organisation (le reste provenant des contributions obligatoires des Etats), la réforme devra se faire sur fond d’austérité budgétaire. Le budget de 4,8 milliards de dollars (3,4 millions d’euros) prévu pour le programme 2010-2011 a d’ores et déjà été revu à la baisse à 3,95 milliards (2,7 millions d’euros). Le Dr Chan prévoit « une ère d’austérité durable » obligeant à une plus grande prudence mais, a-t-elle prévenu : « Nous ne sommes certainement pas en faillite ».

 Dr LYDIA ARCHIMEDE
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Source : Le Quotidien du Médecin: 8969