Congrès de la SFLS (sida)

Pour mieux rebondir en 2010

Publié le 29/10/2010
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« NOUVELLES donnes, nouveau départ. » Le XIe Congrès de la SFLS se tient en pleine année 2010 qui devrait être, dans le domaine du VIH/sida, une année de profonds bouleversements. « Après avoir vécu réforme après réforme et malgré le contexte de l’exercice difficile de la médecine aujourd’hui, que ce soit à l’hôpital ou en ville, il nous semble nécessaire de rebondir en 2010 », affirme dans l’éditorial de présentation du congrès, le Dr Denis Lacoste, membre du comité d’organisation, président d’honneur de la SFLS après avoir été son président jusqu’il y a encore quelques mois. « Une démarche citoyenne nous impose de nous réorganiser, peut-être même de revoir notre système de valeurs », insiste-t-il, avant de préciser : « Notre expertise est une valeur majeure à préserver, à décliner plus efficacement dans le contexte de la loi HPST. »

Constructif et critique.

Mais on l’aura compris, la SFLS entend rester « optimiste ». Les participants sont invités à un congrès « constructif et critique », malgré la lourdeur de la réorganisation des soins, très (trop ?) centrée sur les aspects budgétaires. Au cours de ces journées, de nombreuses thématiques vont leur être proposées à travers différents ateliers. La politique de prévention et la réduction des risques seront présentées en ouverture autour du rapport Pialoux-Lert, avec un éclairage sur le dépistage communautaire (Bruno Spire, d’AIDES). Les ateliers du jeudi sont également consacrés à la relation soigné-soignant, à l’éducation thérapeutique et à la recherche clinique, tandis que la séance plénière de l’après-midi rappellera, avec le GIP Esther, que la prise en charge du VIH dans les pays du sud est en pleine période critique.

La journée de vendredi permettra d’aborder les nouvelles recommandations de la prise en charge avec le Pr Yéni, de même que les co-morbidités et leur repérage. L’organisation des soins devrait constituer un des points forts de l’après-midi, avec notamment le rôle des réseaux dans le nouveau paysage sanitaire français, les maisons de santé et leur rôle dans le soin, la prévention et l’éducation thérapeutique, le dossier patient partagé ou dossier médical personnel, la place de la télémédecine, le suivi partagé.

Selon le Dr Denis Lacoste, deux feuilles de route sont aujourd’hui à la disposition des professionnels. Le plan Sida, dont les grandes lignes ont été révélées il y a quelques jours – le Dr Christophe Michon sera présent pour la direction générale de la Santé – et le rapport Yéni. « Nous avons attendu longtemps ce plan. Les versions préliminaires qui ont circulé ont suscité beaucoup de déceptions. Finalement, le plan semble tenir la route. Mais se pose l’éternelle question des moyens qui vont permettre de l’appliquer », explique au « Quotidien » le Dr Lacoste. Même chose pour les recommandations du rapport Yéni, qui, certes, garantit une meilleure qualité des soins, mais dont l’applicabilité dans tous les centres de prise en charge à l’hôpital, en ville et dans toutes les régions de France métropolitaine et d’outre-mer risque de poser des problèmes de moyens.

Réseaux ville-hôpital.

Le rôle des réseaux et l’implication des médecins généralistes devraient aussi constituer un des enjeux de ces prochaines années. « Nous hospitaliers, nous souhaiterions pouvoir disposer d’un relais fiable en ville. Il est encore aujourd’hui difficile d’obtenir que les patients puissent être suivis en ville de la même manière qu’ils le sont à l’hôpital. Les exigences et la technicité sont de plus en plus grandes. Bien sûr, des thèmes comme l’éducation thérapeutique, la gestion des prises de risque, celle des risques liés au tabac ou à l’alcool sont du ressort du médecin généraliste. C’est même sa mission de base. Toutefois, lorsqu’il s’agit de sida, les choses sont plus difficiles et nous avons des difficultés à recruter des médecins de ville », souligne le Dr Lacoste. Et ceux qui sont impliqués, en général depuis longtemps, regrettent de ne pouvoir prescrire des antirétroviraux en dehors des renouvellements de traitement.

À Bordeaux, une expérimentation de suivi alterné ville hôpital a été mise en place : 40 médecins généralistes ont signé une convention avec le réseau et une formation théorique sur le suivi des patients, les effets des traitements, l’importance de l’observance, le risque cardio-vasculaire, les complications et les co-morbidités leur a été proposée. Pour chaque patient suivi annuellement, les MG reçoivent rémunération forfaitaire de 150 euros. Les premiers résultats à 7 mois vont être présentés lors du congrès (posters).

Des symposiums pharmaceutiques seront également proposés au cours des 2 journées, avec les laboratoires Abbott pour les nouvelles stratégies thérapeutiques et Bristol-Myers Squibb pour le dépistage tardif et la prise en charge initiale. Un déjeuner-débat est organisé par le laboratoire Tibotec sur l’implication des nouvelles recommandations de prise en charge des patients VIH à moins de 500 CD4.

Des conclusions et propositions devraient être formulées à l’issue du congrès.

* Palais des congrès de Bordeaux-Lac. Renseignements : www.sfls.aei.fr, tél. 01.46.43.33.06.

 Dr LYDIA ARCHIMÈDE

Source : Le Quotidien du Médecin: 8847