Grand témoin 2018

Pr Jean-Michel Molina (hôpital Saint-Louis) : « Nous développons des collaborations nationales et internationales pour faire avancer la recherche »

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Publié le 28/12/2018
MOLINA

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Crédit photo : DR

LE QUOTIDIEN : Quels sont les résultats de vos travaux sur la prophylaxie Préexposition (PrEP), indiquée pour les personnes majeures qui n'utilisent pas systématique le préservatif et qui sont à haut risque de contracter le VIH ?

PR JEAN-MICHEL MOLINA : Notre étude en cours (ANRS « Prévenir ») présentée en juillet lors de la 22e conférence VIH/SIDA à Amsterdam, a confirmé l'excellente efficacité de la PrEP. En effet, parmi les 1 435 volontaires de l'étude suivis pendant un an - dont la grande majorité était des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH)- aucun n'a été infecté par le VIH. Nous espérons que ce bénéfice individuel se traduira par un bénéfice en termes d'épidémie du VIH

Le débat sur la propagation des infections émergentes en France a également pris de l'ampleur cette année…

Nous voyons se développer des infections nouvelles (virus Zika, West Nile…). Les transmissions de ces infections par le biais de moustiques ou de tiques deviennent plus courantes en raison du réchauffement climatique. Nous devons nous habituer à penser plus systématiquement à ces diagnostics, notamment dans les régions méditerranéennes.

Quelles sont les actualités en termes d'antibiorésistance ?

L’antibiorésistance est un sérieux problème à l’hôpital, mais aussi, en ville. De nouvelles molécules développées ces dernières années sont maintenant disponibles. Les combinaisons de céphalosporines de 3e génération et d'inhibiteurs de bêtalactamase constituent, notamment, un réel progrès dans la lutte contre les bactéries résistantes à Gram négatif. En parallèle, la recherche progresse dans la compréhension du rôle joué par le microbiote intestinal et certains antibiotiques perturbent ce microbiote. Dans les hémopathies et greffes de moelle par exemple, la perturbation du microbiote par les antibiotiques peut avoir des effets délétères sur l'efficacité des chimiothérapies ou les réactions de rejet. C'est une raison de plus pour éviter la surprescription d'antibiotiques. 

Hélia Hakimi-Prévot

Source : Le Quotidien du médecin: 9712