Le 11 mai dernier, la Cour de cassation a reconnu aux salariés exposés à l’amiante le droit à une éventuelle indemnisation pour le seul « préjudice d’anxiété », à savoir le fait de se trouver « dans une situation d’inquiétude permanente face au risque de déclaration à tout moment d’une maladie liée à l’amiante » et d’être « amenés à subir des examens réguliers propres à réactiver cette angoisse ».
Plusieurs dizaines de travailleurs sont concernés par cette décision, qui n’est pas passée inaperçue dans d’autres secteurs. Cette jurisprudence, relève, par exemple, l’Association des accidentés de France, « pourrait probablement s’appliquer aux accidentés de la route, de la vie ou du travail, lorsqu’il existe un risque d’une aggravation sérieuse de l’état de la victime ».
Et voilà que des enseignants s’emparent de la notion, ouvrant, s’ils sont suivis, une très large brèche. Dix-huit professeurs du lycée Adolphe-Chérioux de Vitry-sur-Seine ont saisi le tribunal administratif de Melun pour demander, face à l’insécurité, la reconnaissance de leur droit de retrait – ils avaient cessé les cours après l’agression d’un élève – et la réparation de leur « préjudice d’anxiété », lié au fait d’avoir été contraints d’enseigner « dans un climat de crainte d’une intrusion violence ».
Des millions de travailleurs vivent actuellement dans « un climat de crainte », ne serait-ce que celle de perdre leur emploi. Le préjudice d’anxiété a un bel avenir.
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