Près de la moitié des patients Covid-19 ventilés développent une thrombose veineuse profonde en soins intensifs

Par
Publié le 23/06/2020
Article réservé aux abonnés

Crédit photo : S.Toubon

Une équipe française (hôpital Lariboisière, AP-HP/Inserm/Université de Paris) a mis en évidence une prévalence de thrombose veineuse profonde (TVP) de 46 % au sein d'une population de patients pris en charge en soins intensifs pour un Covid-19. Ces résultats sont parus dans le « Journal of the American College of Cardiology ».

« D'après nos connaissances, il s'agit de la première étude réalisant un examen échographique systématique pour le diagnostic de TVP, fournissant ainsi des données exemptes de biais », estiment les auteurs. De précédentes études ont rapporté des prévalences de TVP allant de 2 à 14,8 %.

Des TVP malgré l'anticoagulation

Entre le 13 mars et le 3 avril, 56 patients intubés et ventilés pour une pneumonie liée au Covid-19 ont été inclus dans l'étude. Pris en charge à l'hôpital Lariboisière, 87 % ont reçu une anticoagulation préventive à base d'énoxaparine (73 %) ou d'héparine non fractionnée (14 %), et 13 % ont bénéficié d'une anticoagulation thérapeutique pour une fibrillation atriale ou une oxygénation extracorporelle.

Un premier doppler des veines des membres inférieurs a été réalisé trois jours après l'intubation chez tous les patients, soit 10 jours après l'apparition des premiers symptômes. Une thrombose veineuse profonde a été mise en évidence pour 20 d'entre eux (36 %).

Pour 17 patients ne présentant pas de TVP au doppler initial, un second doppler a été réalisé huit jours après l'intubation. Six ont développé une TVP, et ce malgré l'anticoagulation mise en place (prophylactique pour trois et thérapeutique pour les trois autres).

L'intensité de l'anticoagulation en question 

Au total, ce sont donc près de la moitié des patients (26 patients) qui ont eu une TVP. « Fait important, 50 % des TVP étaient poplitées ou fémorales, celles-ci étant le plus souvent associées à des événements thromboemboliques, ce qui est cohérent avec le nombre étonnamment élevé d'embolies pulmonaires (21 %) signalées chez les patients atteints de pneumonie SARS-CoV-2 admis en soins intensifs », soulignent les auteurs, faisant référence à une étude lilloise parue fin avril.

Par ailleurs, les patients présentant une TVP avaient un taux de D-dimères plasmatiques plus élevé que les patients sans TVP. « Nos données suggèrent qu'une surveillance étroite de la survenue de la TVP est nécessaire chez les patients Covid-19 ventilés mécaniquement. De plus grandes études pourraient évaluer les performances diagnostiques des D-dimères pour le diagnostic de la TVP dans les cas où le doppler n'est pas disponible, en particulier en contexte épidémique, préconisent les auteurs. De plus, l'intensité de l'anticoagulation devra peut-être être reconsidérée en fonction des résultats des futures études pour assurer une prévention plus efficace ».


Source : lequotidiendumedecin.fr