Personnes vivant avec le VIH

Privilégier les perceptions du patient

Publié le 19/10/2010
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Crédit photo : PHANIE

L’APPARITION des multithérapies a permis d’améliorer de manière spectaculaire le pronostic de l’infection par le VIH en permettant à une majorité de patients de récupérer un système immunitaire en grande partie efficace. Mais les limites de ces traitements font actuellement prendre en considération de nouveaux paramètres dans les essais cliniques, comme l’observance et la qualité de vie. L’observance peut être améliorée par des interventions psychosociales.

La qualité de vie est fondée sur des mesures de perceptions du patient, sans forcément recourir à un usage systématique d’échelles. En effet, lorsque des échelles génériques comme le SF-36 sont utilisées, les changements au cours du temps sont difficiles à observer et certaines dimensions spécifiques du VIH, comme le sommeil ou la sexualité, sont négligés. De plus, dans les essais cliniques, la population incluse a une bien meilleure qualité de vie que la population VIH, qui est bien inférieure à celle de la population générale (4).

Le traitement améliore en partie la qualité de vie.

La cohorte multicentrique nationale APROCO a permis de constater un impact positif du traitement sur la qualité de vie (1). Ainsi, la proportion de patients ayant une qualité de vie satisfaisante après un an de traitement est passée de 36 à 46 %, cette différence étant très significative (p = 0,001). Les différentes dimensions du SF-36 se sont améliorées, à l’exception du score de capacité physique, resté stable, et celui des douleurs physiques qui s’est dégradé. Les facteurs de bonne qualité de vie sous traitement après ajustement sur la qualité de vie avant traitement, sont une durée d’infection par le VIH inférieure à huit ans, la réponse virologique et un faible nombre d’effets secondaires perçus par les patients.

Les facteurs associés à la qualité de vie sont multiples.

Parmi les facteurs associés à la qualité de vie, on distingue des facteurs sociaux, peu évolutifs dans le temps, des facteurs psychologiques et enfin des facteurs modifiables par le soin, liés à l’efficacité et à la tolérance perçue. Les effets indésirables perçus peuvent être considérés comme un indicateur simplifié de la qualité de vie (2).

Le choix du traitement a un impact sur la qualité de vie.

La qualité de vie est donc objectivable chez les personnes vivant avec le VIH, même s’il n’existe pas un seul instrument simple de mesure. Les résultats de l’essai MONARK ont confirmé la faisabilité de mesurer les effets secondaires perçus par les patients dans les essais cliniques. Cette perception peut en effet servir de critère de jugement de qualité de vie. La mesure des perceptions des patients semble en effet très informative en permettant de départager les stratégies thérapeutiques d’efficacité équivalente.

La qualité de vie sexuelle ne semble pas dépendre des facteurs médicaux.

Enfin, les troubles de la sexualité sont fréquents parmi les personnes VIH +. Aucun facteur biomédical n’a été retrouvé associé aux troubles de la sexualité dans l’enquête ANRS VESPA (4). En revanche, le vécu du traitement et de la maladie joue un rôle important. C’est pourquoi un soutien psychologique visant à améliorer le vécu de l’infection à VIH pourrait avoir un impact positif sur ces troubles sexuels.

D’après un entretien avec le Dr Bruno Spire (Inserm U912/ ORS-PACA, Marseille).

Références

(1) Carrieri P, et coll. Health-related quality of life after 1 year of highly active antiretroviral therapy. J Acquir Immune Defic Syndr 2003 ; 32 : 38-47.

(2) Protopopescu C, et coll. Health-related quality of life in HIV-1-infected patients on HAART: a five-years longitudinal analysis accounting for dropout in the APROCO-COPILOTE cohort (ANRS CO-8). Qual Life Res 2007 ; 16 (4) : 577-91.

(3) Spire B, et coll. Effect of lopinavir/ritonavir monotherapy on quality of life and self-reported symptoms among antiretroviral-naive patients: results of the MONARK trial. Antivir Ther (Lond) 2008 ; 13 (4) : 591-9.

(4) Préau M, et coll. Health-related quality of life in French people living with HIV in 2003: results from the national ANRS-EN12-VESPA Study. AIDS 2007 ; 21 (Suppl 1) : S19-27.

Dr GÉRARD BOZET

Source : Le Quotidien du Médecin: 8839