Quand la testostérone explique le biais de genre dans la SEP

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Publié le 30/01/2018
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Crédit photo : S. Toubon

Un mécanisme induit par la testostérone expliquerait que les femmes sont trois à quatre fois plus touchées que les hommes par la sclérose en plaques (SEP), et que les hommes âgés le sont davantage que les jeunes. C’est ce que viennent de montrer, dans les « PNAS », des chercheurs américains.

À l'origine d'une partie de ces découvertes, l'erreur d'un étudiant qui n’a pas su différencier les souriceaux mâles des femelles, utilisant les uns pour les autres au laboratoire. « D’où la nécessité d’étudier les différences de sexe dans la recherche », souligne Melissa Brown, professeur d’immunologie et microbiologie à l’école de médecine de l’université de Northwestern, dans l’Illinois, et auteure principale de l’étude.

Les bases cellulaires et moléculaires du biais de genre des maladies auto-immunes (MAI) restent peu claires, même si la recherche avance, par exemple dans l’importance du chromosome X dans le lupus.
Dans la SEP, de nombreuses études avaient été réalisées pour comprendre ce qui provoquait les lésions de la gaine de myéline chez des souris femelles, mais peu sur ce qui protégeait les mâles des lésions en question.

L’IL-33 protégerait contre la SEP

Les chercheurs ont identifié, dans un modèle murin de SEP, une molécule qui semble protéger les souris mâles de la maladie. Cette molécule, l’IL-33, permet aussi de limiter les symptômes de la SEP, de façon dose-dépendante, quand elle est administrée aux souris femelles en phase préclinique, mais aussi quand la maladie est déjà symptomatique, pour éviter les rechutes.

L’expression du gène il33 est induite, dans les mastocytes de souris mâles, par la testostérone. Et le gène il33 code pour la molécule IL-33, qui entraîne une cascade de réactions (passant par l’activation d’ILC2) empêchant le développement de cellules immunitaires, les Th17, qui attaquent et détruisent la myéline. « Les niveaux de testostérone sont 7 à 8 fois moins élevés chez les femelles et nous avons donc émis l’hypothèse que la quantité de testostérone était insuffisante chez elles pour activer la cascade protectrice basée sur l’expression d’il33, précise Melissa Brown. Et nous avons montré que nous pouvions l’activer en administrant de l’IL-33 aux souris femelles. »

La chercheuse estime que « cette cascade protectrice basée sur la testostérone devrait être testée dans d’autres MAI connaissant un biais de genre ».


Source : lequotidiendumedecin.fr