L’Institut du cerveau et de la moelle épinière

Un centre de recherche de dimension internationale

Publié le 09/06/2011
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L’ICM DISPOSE d’un bâtiment de 22 000 m2, inauguré en automne 2010 et dans lequel 90 % des équipes de recherche – soit 23 équipes constituées d’environ 450 chercheurs – sont déjà installées. La sélection des équipes a été faite par un Comité scientifique international et l’Agence d’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (AERES). Une note de A à C leur a été attribuée et n’ont été retenues que celles ayant obtenu A+ ou A. Par ailleurs, un appel d’offres international a permis de sélectionner cinq autres équipes (deux sont déjà installées, deux sont en cours d’installation), dont une italienne et une canadienne. « Ces équipes sont réparties sur trois étages, avec des plateformes de haut niveau (dans les domaines de la vectorologie, du génotypage-séquençage, de l’histologie et de l’imagerie cellulaire et humaine), avec ce qui se fait mieux en termes d’équipement. L’un des étages est un centre d’investigation clinique, qui a donc pour vocation de faire appliquer les découvertes sur les patients, dans un cadre contrôlé. Un autre étage est destiné à accueillir les entreprises pour développer ses découvertes » précise le Pr Fontaine.

Des moyens à la hauteur.

Les grands thèmes sur lesquels travaille l’Institut, sont la maladie d’Alzheimer, la maladie de Parkinson, l’épilepsie, la sclérose en plaques, les troubles de la motivation (apathie), le développement et la compréhension du système nerveux, les tumeurs cérébrales, la réparation du cerveau et de la moelle épinière. « Nous sommes plus ou moins compétitifs dans ces différents thèmes et c’est pourquoi certains d’entre eux seront encore renforcés par le biais de nouveaux appels d’offres internationaux » précise le Pr Fontaine.

Une grande partie du matériel dont les équipes ont besoin est déjà disponible. « Et comme nous avons par ailleurs été lauréat de l’appel d’offres IHU (institut hospitalo-universitaire) et ainsi dotés de 55 millions d’euros sur dix ans pour devenir un véritable pôle d’excellence, nous avons des moyens importants à la hauteur de nos ambitions qui sont aussi des leviers pour accroître nos moyens, grâce aux partenariats industriels et aux appels de dons. C’est une belle récompense et, surtout, le fruit d’une collaboration de l’ICM avec cinq autres partenaires que sont l’Université Pierre et Marie Curie, l’AP-HP, l’INSERM, le CNRS et l’International Foundation for Research on Alzheimer Disease (IFRAD). Grâce à cette aide, nous allons encore pouvoir investir dans la recherche, en particulier pour développer des modèles cellulaires et animaux, des maladies et faire le lien avec les partenaires industriels. Ces derniers ont en effet besoin de nous pour la recherche fondamentale et nous avons besoin d’eux pour développer de nouveaux traitements. Au final, tout le monde est gagnant : les malades qui bénéficieront de nouveaux traitements et notre pôle d’excellence, puisque les brevets ainsi déposés par l’industrie seront partagés, sans oublier une visibilité internationale », ajoute le Pr Fontaine.

Des objectifs ambitieux.

Aujourd’hui, certains thèmes sont plus avancés que d’autres. C’est le cas de la maladie d’Alzheimer. « Notre objectif, pour cette maladie, est d’arriver à définir un algorithme utilisant des données de biomarqueurs, de psychométrie et d’imagerie, afin de poser un diagnostic aussi précoce que possible. C’est essentiel, car le jour où des traitements seront capables de stopper la progression de la maladie, nous aurons vraiment besoin de la dépister très tôt, explique le Pr Fontaine. Dans la maladie de Parkinson, nous disposons surtout de traitements qui agissent sur les symptômes, mais pas sur les processus de neurodégénérescence. Le projet est donc de trouver de nouvelles cibles thérapeutiques qui permettent de ralentir cette dernière. Dans la sclérose en plaques, il existe des médicaments qui diminuent l’inflammation, mais qui ne réparent pas les gaines nerveuses. L’objectif est donc de prévenir la dégénérescence des axones ou de réparer la myéline. Dans l’épilepsie, il y a deux grands projets de recherche : le premier est de mieux comprendre les mécanismes qui sont à l’origine de la crise avec de nouvelles techniques fondées sur les ultrasons afin de détecter et peut-être même de traiter certaines zones du cerveau non accessible à la chirurgie. L’autre objectif est de définir de nouvelles cibles thérapeutiques en étudiant les mécanismes qui régulent les échanges ioniques dans l’environnement du neurone. Dans l’apathie, mieux connaître les neuromédiateurs impliqués dans ces circuits et arriver à mieux les moduler, est également à l’ordre du jour ». Riche programme, avec l’espoir de transformer, au final, le pronostic de maladies chroniques et handicapantes en maladies non invalidantes.

Les moyens financiers sont là. Les moyens humains, aussi. « Pour atteindre ses objectifs, ce pôle d’excellence peut s’appuyer sur ses 75 000 consultations par an, qui lui permettent d’être le premier centre français en termes de cohortes de patients (c’est deux fois plus important que le deuxième centre qui est celui de Lyon) », conclut le Pr Bertrand Fontaine.

D’après un entretien avec le Pr Bertrand Fontaine, coordinateur du projet IHU A-ICM (Institut de neurosciences translationnelles de Paris) et directeur scientifique de l’ICM.

> Dr NATHALIE SZAPIRO
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Source : Bilan spécialistes