Une signature olfactive spécifique des patients Covid-19 sévères a été identifiée par une équipe française

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Publié le 08/12/2020
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Crédit photo : PHANIE

Une équipe française* a identifié une signature olfactive spécifique des patients Covid-19 sévères. Avec une précision de 93 % et un résultat obtenu en quelques minutes, cette étude pilote parue dans « EBioMedicine » ouvre la voie à une nouvelle approche diagnostique du Covid.

« L’analyse respiratoire est une technique innovante, non invasive et en temps réel qui permet la détection de composés organiques volatils pouvant servir au diagnostic et au dépistage à grande échelle », indiquent les auteurs.

Un résultat en deux minutes

Entre le 25 mars et le 25 juin, 40 patients ayant un syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA) et requérant une ventilation mécanique invasive ont été pris en charge en service de soins intensifs à l'hôpital Raymond-Poincaré à Garches (AP-HP) et inclus dans cette étude prospective. Parmi eux, 28 avaient un diagnostic confirmé de Covid-19.

L’air expiré de chaque patient a été analysé tous les matins jusqu’à la sortie d'hôpital à l'aide d'un spectromètre de masse. Cette technique permet de détecter des molécules d'intérêt, ici des composés organiques volatils, en moins de deux minutes.

L'analyse finale a porté sur les données de 18 patients Covid et de 10 patients non Covid. La comparaison entre les deux groupes de patients a permis de mettre en évidence une empreinte respiratoire caractéristique du Covid. Quatre composés organiques volatils spécifiques aux patients Covid ont ainsi été identifiés : méthylpent-2-énal, 2,4 octadiène, 1-chloroheptane et nonanal (aussi appelé nonaldéhyde). « Cette empreinte respiratoire était indépendante de la gravité de la maladie et de la charge virale », précisent les auteurs. Grâce à cette signature olfactive, la distinction entre les patients Covid et non Covid a pu être déterminée avec une sensibilité de 90 % et une spécificité de 94 %.

Des travaux en cours avec des chiens

Cette étude apporte ainsi la preuve de concept de l'intérêt de mesurer les composés organiques volatils de l'air expiré des patients dans le cadre du dépistage de la maladie Covid chez des patients ayant un SDRA. Des études complémentaires sont toutefois nécessaires pour confirmer ces résultats et évaluer l'intérêt d'une utilisation plus large de cette approche.

Et si le spectromètre de masse est un outil réservé à la recherche, des moyens plus simples permettent également d'étudier les composés olfactifs : les nez électroniques, mais aussi le recours aux chiens. Une étude menée avec les écoles vétérinaires est en cours.

* Étude menée par l'hôpital Foch et l'hôpital Raymond-Poincaré (AP-HP) en collaboration avec les équipes du CEA, de l'INSERM, de l'université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines et de l'Université Paris-Saclay.


Source : lequotidiendumedecin.fr