Valvulopathies congénitales : la piste enzymatique est lancée

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Publié le 06/01/2016
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Les enzymes jouent un rôle dans la maturation du cœur embryonnaire et en particulier de la formation des valves. C’est ce que montrent des chercheurs de l’université Cornell dans une étude publiée dans « Current Biology » et soutenue par les National Institutes of Health et l’American Heart Association. Cette découverte ouvre de nouvelles perspectives thérapeutiques dans la prise en charge des valvulopathies congénitales.

« Le cœur est le premier organe à se former dans l’embryon, a rappelé Jonathan Butcher, l’auteur senior. Il se forme de façon dynamique et rapide tout en apportant les nutriments au corps en développement. » À un temps précoce, le cœur embryonnaire est un tube en circuit fermé sans valves ni chambres. Puis, à la fin du premier trimestre, des chambres se forment et apparaît alors la nécessité d’une circulation en sens unique.

Un double contrôle enzymatique et hémodynamique

« De fines masses globulaires doivent se condenser et s’allonger pour former des feuillets minces et robustes capables d’ouverture et de fermeture rapides et résilientes, a poursuivi le chercheur américain. C’est ce processus de maturation qui est anormal dans la majorité des cas en clinique. »

Jusqu’à présent, on ne savait pas comment les forces mécaniques arrivaient à conduire au remodelage biologique des coussinets en valves. Dans leur étude, les chercheurs ont montré que les étirements cycliques et la force des contraintes activent des enzymes sensibles appelés des GTPases, principalement, RhoA et Rac1, et qui coordonnent la maturation du cœur embryonnaire. Sans l’activation de ces enzymes en temps voulu, les valves cardiaques ne se forment pas correctement.

« Nous avons identifié un mécanisme qui traduit une force mécanique en une réponse biologique, a ajouté Jonathan Butcher. La réponse biologique, au fil du temps, crée des feuillets fins, flexibles et bien formés. Si le tissu ne s’amincit pas, c’est un problème. Si le tissu ne s’étire pas, c’est un problème. Et ce sont tous des problèmes rencontrés en clinique. » Les chercheurs émettent l’idée qu’une intervention précoce sur le plan hémodynamique pourrait permettre de retarder ou réparer une malformation valvulaire.

Dr Irène Drogou

Source : lequotidiendumedecin.fr