Une recherche médicale plus compétitive

Vers une refonte du statut des profs ?

Publié le 04/05/2011
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ILS NE REPRÉSENTENT que 4 % des 216 450 médecins français mais leur évolution préoccupe au plus haut point les pouvoirs publics. Pour rendre plus compétitive l’université française sur l’échiquier mondial de la recherche, les pouvoirs publics ont entamé une profonde réflexion sur le corps des hospitalo-universitaires. Le Dr Raphaël Gaillard s’est penché pendant neuf mois sur les évolutions à apporter à leur statut. Il a remis hier un rapport d’une centaine de pages consacré à cette question à la ministre de l’Enseignement supérieur. En juillet 2010, Valérie Pécresse demandait dans la lettre de mission adressée au président sortant de l’Intersyndicat national des chefs de clinique assistants (ISNCCA) de réfléchir « aux nouvelles méthodes pour préserver la triple mission de soins, d’enseignement et de recherche et renforcer son attractivité auprès des jeunes générations ».

Composée de dix membres dont la moyenne d’âge n’excédait pas quarante ans, la mission Gaillard a auditionné une quarantaine de personnalités du monde de la formation en santé – professeurs des universités, maîtres de conférence, internes, chefs de cliniques, doyens…

Dans le document qu’il vient de rendre, le groupe de travail piloté par Raphaël Gaillard fait un état des lieux sans concession de la situation française avant de formuler vingt-cinq recommandations.

Si elle réaffirme la prépondérance de la double appartenance à l’hôpital et à l’université, la mission Gaillard préconise des réformes d’urgence dans plusieurs domaines : l’enseignement de la recherche, les statuts hospitalo-universitaires mais aussi l’évaluation de leur activité.

Professeurs assistants, un futur échelon ?

Dans un premier volet, la mission plaide pour l’ouverture dans les universités d’un cursus commun d’une ou deux années à partir des composantes santé et le basculement d’un pourcentage significatif du numerus clausus (20 % à 30 %) qui leur est alloué « à des entrées parallèles à partir du grade licence pour élargir la base de recrutement ». Les doubles cursus sont également plébiscités.

Les propositions les plus audacieuses concernent les évolutions à apporter aux statuts hospitalo-universitaires. Estimant la composition des postes hospitalo-universitaires existants déséquilibrée – 4 111 professeurs universitaires (PU-PH) pour 1 635 maîtres de conférence (MCU-PH) et 3 830 chefs de clinique (CCA) et assistants –, la mission Gaillard recommande de rééquilibrer « la pyramide ». Elle défend le maintien du statut de chef de clinique et propose la création d’un nouveau corps intermédiaire non titulaire : les professeurs assistants (PA-PH). Nommés pour cinq ans, ces praticiens hospitaliers recrutés à partir de postes de PU-PH ou MCU-PH feraient l’objet de contrats d’objectifs et de moyens tripartites entre le candidat, l’université et l’hôpital.

Enfin, la mission entend renforcer l’évaluation des hospitalo-universitaires. Elle conseille le maintien du Conseil national des universités (CNU) santé, « parfois critiqué à juste titre » mais demande de revoir les modalités de son fonctionnement avec l’Agence d’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (AERES). Le groupe de travail souhaite que la bibliométrie (la publication d’articles scientifiques) rejoigne les standards internationaux – moins de quantité, plus de qualité – et que l’évaluation d’un travail de recherche puisse être réalisée par des pairs. Certaines propositions iconoclastes devraient bousculer les enseignants concernés.

 CHRISTOPHE GATTUSO

Source : Le Quotidien du Médecin: 8955