Face aux évolutions, notamment technologiques, l’Académie de médecine invite à une relation médecin-malade renouvelée et humaniste

Par
Publié le 26/07/2021
Article réservé aux abonnés

Crédit photo : Phanie

Malade informé en ligne, praticien au temps contraint, ordinateur dans le cabinet, téléconsultation, prise en charge morcelée, travail en équipes, IA… Comment ces évolutions récentes ont-elles affecté la relation médecin-malade (RMM) ? Dans un rapport rendu public le 23 juillet, l’Académie nationale de médecine (ANM) s’interroge sur l’impact des pratiques émergentes et émet des recommandations visant à « préserver les bienfaits irremplaçables du dialogue, du contact et du face-à-face soigné-soignant », à « sauvegarder la part humaniste de la pratique médicale » et à « savoir l’enseigner ».

« Fondée sur l'écoute, l'empathie, le respect, l'examen physique, la clarté et la sincérité du langage », la RMM est « essentielle pour l’obtention d’un résultat thérapeutique optimal » : elle est le gage d’une meilleure observance et d’une « influence favorable sur les résultats thérapeutiques », liée notamment à « l’effet placebo avec attente » (résultat de l’espoir du patient « en un effet bénéfique du traitement qui lui est prescrit »), rappelle l’Académie.

Cette relation peut apparaître menacée par certaines évolutions. Le médecin d’aujourd’hui fait face à plusieurs difficultés : « Malade plus informé et plus critique ; manque de temps du fait du poids des tâches administratives ; travail en équipes qui disperse et appauvrit la relation ; et surtout primauté des technologies », énumère l’ANM. « L’ordinateur, tierce personne du colloque singulier » peut faire craindre une altération de la relation, de même que l’intelligence artificielle pourrait préempter le rôle du médecin.

Nouveaux profils de médecin et de patient

Ces évolutions s’accompagnent de l’émergence de nouveaux profils de soignant et de soigné : le modèle du médecin paternaliste est « révolu » et le patient, surtout le malade chronique, entend désormais « être maître de sa santé, acteur de sa prise en charge et partie prenante à la décision thérapeutique », une position « confortée par la loi ».

Dans ce contexte, le maintien d’une RMM de qualité doit privilégier « une relation empathique avec le malade, fondée sur l'écoute et la prise en compte de ses préoccupations et de ses plaintes », recommande ainsi l’ANM. Les modalités du dialogue sont par ailleurs à renouveler par un commentaire de ce qui est fait sur l’ordinateur, voire un partage de la vue de l’écran, par une prise en compte des recherches en ligne et par une orientation vers des sites « fiables » ou encore par un échange sur les apports de l'intelligence artificielle.

Au cabinet, la consultation « présentielle » est préférable, tandis qu’à l’hôpital, l’organisation doit permettre que « la proposition, l'exécution et le suivi du traitement d'un patient soient assurés par le même praticien », préconise également l’ANM, qui souhaite que la formation des médecins permette la diffusion des méthodes d'apprentissage de la RMM et que soient développées « les recherches en santé publique sur le coût et l'efficience d'un parcours de soins en fonction de la qualité de la consultation initiale, dans diverses situations pathologiques ».


Source : lequotidiendumedecin.fr