Malgré le ralentissement de la circulation du Sars-CoV-2 depuis plusieurs semaines, « nous observons dans encore trop d’établissements médico-sociaux que les mesures barrières mises en place pendant l’épidémie de Covid-19 n’ont toujours pas été levées, conduisant à des privations de vie sociale injustifiées », déplore la Pr Nathalie Salles, présidente de la Société française de gériatrie et gérontologie (SFGG), dans un communiqué.
Gériatres et gérontologues réclament « plus de liberté », « moins de masques », « moins de contrôles et moins de mesures restrictives » pour les personnes âgées. Ces professionnels jugent que les dernières recommandations pour les Ehpad émises en avril dernier, précisant que le port du masque « reste la règle », alors que l’obligation est levée ailleurs, sont « obsolètes ». Au-delà des disparités entre établissements dans l’application des règles, ils dénoncent également les contrôles et dépistages systématiques et les restrictions sur les visites et les animations.
Des restrictions aux conséquences délétères sur les résidents
Un Ehpad n’est pas un hôpital, mais « un lieu de vie et d'humanité où les gens aiment à se rencontrer », écrivent-ils, rappelant que « se toucher, se voir, se prendre dans les bras est absolument fondamental pour tout être humain ».
Les conséquences de l’épidémie ont été « majeures » sur les résidents en Ehpad, mais aussi sur leurs familles et les soignants, poursuivent-ils, citant notamment l’étude Encopad-IPCE menée en 2020 et montrant « une augmentation de la tristesse, de l’inquiétude et des signes d’anorexie chez les résidents pendant cette période ».
« L’âge intervient une fois encore comme fondement de l’inégalité », regrette la Dr Sophie Moulias, gériatre à l’hôpital Ambroise Paré et spécialiste des questions éthiques. « À vouloir trop en faire on augmente l’isolement des résidents d’Ehpad avec un risque important de mort sociale. Il ne faut jamais perdre de vue l’idée que la santé est un bien global dont la relation à l’autre fait entièrement partie et que la privation relationnelle a des conséquences dramatiques », poursuit-elle.
Une population « particulièrement bien protégée par la vaccination »
Avec la période estivale, il devient « intolérable de voir encore des résidents et familles aussi contraints », d’autant que les résidents d’Ehpad sont une population « particulièrement bien protégée par la vaccination ».
Mi-mai, l'association Ad-Pa (directeurs d’Ehpad et de structures d'aide à domicile) s'était déjà insurgée contre ce protocole trop strict. « Dans les faits, les résidents en établissement, leurs familles, leurs visiteurs sont donc toujours les victimes d'une discrimination par rapport aux autres citoyens qui bénéficient des dernières mesures d'allègement des mesures sanitaires dispensant l'ensemble des Français du port du masque », relevait un communiqué de l'association.
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