DEPUIS DES ANNÉES, les caisses et de nombreuses associations de patients accusent en Allemagne les médecins spécialistes libéraux de faire attendre très longtemps les patients qui ne disposent que d’une assurance-maladie « de base » et de donner des rendez-vous plus rapidement à ceux qui disposent d’une assurance plus complète – on parlerait en France d’une bonne mutuelle. Si les médecins rejettent vivement ces accusations, qui rappellent un peu les polémiques hexagonales sur l’accès aux spécialistes de secteur II, il n’en reste pas moins que le débat refait régulièrement surface dans le pays. Dans le cadre d’une réforme de l’organisation des soins qui doit entrer en vigueur l’an prochain, et qui concerne aussi la lutte contre les « déserts médicaux », le ministère de la Santé a donc proposé de taxer les spécialistes qui mettraient trop de temps à donner des rendez-vous à certains patients.
En pratique, ces patients « repoussés » auraient le droit d’être soignés rapidement en ambulatoire dans un hôpital, alors que l’accès aux soins spécialisés ambulatoires hospitaliers n’est pas direct en Allemagne qui le réserve principalement aux patients soignés par l’hôpital. La différence de prix (entre l’hôpital, plus cher, et la consultation libérale) serait ensuite déduite du budget d’honoraires alloué au spécialiste libéral, ce qui reviendrait donc à le pénaliser pour des soins non effectués.
Si l’idée a été qualifiée de lumineuse par les partis politiques de la coalition gouvernementale, elle a en revanche été considérée comme inacceptable par toutes les organisations professionnelles et par l’opposition. Le ministre de la Santé, le libéral Daniel Bahr, a finalement été obligé de préciser que le projet n’avait été qu’une piste, et qu’il n’était pas question de taxer les médecins en fonction de leurs délais d’attente. Un épisode de plus, en tout cas, dans le bras de fer auquel se livrent les médecins et le gouvernement autour de ce nouveau projet de loi qui doit faciliter l’accès aux soins dans l’ensemble du pays… au moment où de plus en plus de praticiens envisagent purement et simplement de fermer leurs cabinets une dizaine de jours par trimestre pour ne pas dépasser les budgets toujours plus rigoureux qui leur sont octroyés par l’assurance-maladie pour soigner tous les patients.
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