À la bibliothèque universitaire de médecine Montpellier

L’art du savoir dans les manuscrits médiévaux de Clairvaux

Publié le 22/10/2015
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Aphorisme d'Hippocrate commenté dans une Articella du XIVe siècle

Aphorisme d'Hippocrate commenté dans une Articella du XIVe siècle
Crédit photo : Guillaume Mollaret

Derrière les murs médiévaux de la faculté de médecine de Montpellier se cache un trésor. Sa bibliothèque renferme en effet des témoignages aussi rares que précieux. Des manuscrits laborieusement écrits par des copistes et enluminés par des artistes voilà près de 1 000 ans. Certains de ces ouvrages sont aujourd’hui offerts au regard du public dans une exposition gratuite se tenant à la faculté de médecine jusqu’au 31 octobre.

Là, la conservatrice Hélène Lorblanchet présente des manuscrits médicaux et psautiers de l’Abbaye de Clairvaux, classés Mémoire du monde par l’Unesco. Des ouvrages venus de l’Aube au sortir de la Révolution française par l’entregent du Pr Victor-Gabriel Prunelle (1777-1853). Médecin diplômé de la faculté de Montpellier, il fut chargé par Jean-Antoine Chaptal (lui aussi diplômé à Montpellier), alors ministre de l’Intérieur, de constituer une collection issue des confiscations révolutionnaires. C’est ainsi que 72 ouvrages de Clairvaux gagnent la plus ancienne faculté de médecine du monde occidental, et notamment le traité de chirurgie « Chirurgia Magna », signé Gui de Chauliac (médecin des papes d’Avignon) contenant ce qui est considéré comme la plus ancienne représentation d’une dissection. « Il est issu de la collection Bouhier vendue aux moines de Clairvaux peu avant la Révolution, en 1782 », explique la conservatrice.

« Ars Longa, Vita brevis »

Malheureusement, la représentation souffre d’un décollement de pigments. « Nous l’avons perçu au microscope électronique. Une exposition pourrait aggraver la situation. Dans l’attente d’une restauration, nous préférons ne pas mettre l’ouvrage en danger », poursuit Hélène Lorblanchet.

Parmi la trentaine de manuscrits exposés, plusieurs « Articella », datant du XIVe siècle. Les textes associent la pratique médicale à la philosophie. Exposé à Montpellier, le premier aphorisme d’Hippocrate « Ars Longa, Vita brevis ». Enluminé de différentes manières, tantôt par des dragons ou des végétaux, en fonction des modes de leur époque, l’aphorisme est commenté par les lumières de l’époque... encore faut-il décrypter l’écriture monastique et le latin.

L’Art du Savoir, du mardi au samedi de 13 heures à 17 heures à la faculté de Médecine de Montpellier. Entrée libre.

Pour ceux qui ne peuvent se rendre à Montpellier, l’ensemble de la bibliothèque issue de l’Abbaye de Clairvaux est consultable en ligne depuis le début de l’année : https://www.bibliotheque-virtuelle-clairvaux.com

De notre correspondant Guillaume Mollaret

Source : Le Quotidien du Médecin: 9443