Les autorités déconseillent l'antibiothérapie en préventif et en curatif chez les patients atteints de Covid-19

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Publié le 09/06/2020
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Crédit photo : S.Toubon

Aucune antibiothérapie ne doit être prescrite chez un patient présentant des symptômes rattachés à un Covid-19 confirmé (en dehors d’un autre foyer infectieux documenté), du fait du caractère exceptionnel de la co-infection bactérienne, recommande le Haut Conseil de santé publique, dans un avis mis en ligne ce 6 juin. La Direction générale de la santé insiste ce 9 juin dans un courrier « DGS-Urgent » : « Il semble que les prescriptions d'antibiotiques restent fréquentes, en préventif comme en curatif, chez les patients suspects ou atteints de Covid-19. Chacun d'entre nous doit œuvrer pour améliorer les pratiques », écrit le Pr Jérôme Salomon aux médecins. 

Dans son avis, le HCSP souligne l’absence d’indication d’antibiothérapie chez un patient présentant une infection à SARS-CoV-2 confirmée. Y compris d'azithromycine, dont la prescription a augmenté de plus de 200 % (données de l'Agence de sécurité du médicament), lit-on. 

Seulement en cas de doute avec une pneumopathie bactérienne, dans l'attente de diagnostic

Le HCSP détaille la place de l'antibiothérapie en ville et à l'hôpital. En ville, chez un patient ayant une infection respiratoire (haute ou basse) fortement évocatrice de Covid-19, ou confirmée au SARS-CoV-2, il n’y a pas d’indication à prescrire une antibiothérapie. Si une antibiothérapie a été prescrite en attendant les résultats de la recherche de SARS-CoV-2, celle-ci devra être arrêtée dès confirmation de Covid-19 (sauf en cas d’infection bactérienne associée documentée), précise le HCSP.

En revanche, en cas de doute avec une infection haute ou basse, qui impose en période pandémique la réalisation d’un test de recherche du SARS-CoV-2, et en l'attente des résultats de ces derniers, « il est prudent d’instaurer un traitement antibiotique probabiliste selon la mise au point SPILF/AFSSAPS 2010 », indique le HCSP. C'est-à-dire : amoxicilline 1gx3/j (pristinamycine 1 g x 3/j en cas d’allergie vraie aux pénicillines) ou, si le patient est âgé ou avec des comorbidités, amoxicilline-acide clavulanique 1 g x 3/j. 

Dans le cadre d'une hospitalisation conventionnelle, où la recherche d’un diagnostic différentiel est facilitée par le plateau technique hospitalier, il n’y a pas non plus d’indication à prescrire une antibiothérapie dans l’attente des résultats microbiologiques et radiographiques. De même lorsque le diagnostic est confirmé, et si les symptômes cliniques et scanographiques s’intègrent dans le tableau de Covid-19. 

Ou en cas de comorbidité ou de gravité, à l'hôpital 

En revanche, une antibiothérapie peut être proposée chez un patient suspect qui présente des comorbidités* ou des critères de gravité, dans l'attente des résultats. Et en cas de Covid-19 confirmé, pour une personne hospitalisée qui présenterait des signes cliniques de surinfection, dans l'attente des résultats d'un bilan microbiologique. 

Enfin, chez des patients hospitalisés en réanimation pour une forme grave suspectée ou confirmée de Covid-19, une antibiothérapie probabiliste après réalisation de prélèvements bactériologiques doit être discutée lorsque la symptomatologie clinique et radiologique évoque une co-infection bactérienne, en cas de détresse respiratoire aiguë nécessitant la ventilation mécanique invasive, ou en présence de critères de choc septique (vasopresseurs et lactatémie supérieure à 2 mmol/L) avant documentation microbiologique. 

La DGS rappelle qu'une fiche COVID-19 a été ajoutée sur l’espace thématique d’information à destination du grand public Antibio’Malin, dont les médecins peuvent faire la promotion dans leur cabinet.

* Insuffisance rénale, cardiaque, hépatique, diabète, alcoolisme, BPCO, maladie cérébro-vasculaire, néoplasie, état grabataire


Source : lequotidiendumedecin.fr