DE NOTRE CORRESPONDANT
LES MÉDECINS PORTUGAIS sont aux abois. Le gouvernement a annoncé de nouvelles mesures d’austérité dans le secteur de la santé publique pour compenser les économies budgétaires (1 300 millions d’euros) prévues dans le budget 2013 qui ont été jugées illégales par le tribunal constitutionnel. Prévues à l’origine pour 2014, ces coupes, confirmées par le premier ministre portugais, le conservateur Pedro Passos Coelho, viseront à « contenir la dépense publique dans les domaines de la Sécurité sociale, la Santé et l’Éducation ». Surveillées par Bruxelles et par le FMI, les autorités de Lisbonne doivent réduire le déficit public pour espérer obtenir le rééchelonnement des prêts accordés en 2011 (78 000 millions d’euros) dans le cadre du plan de sauvetage de l’économie portugaise.
Plusieurs voix se sont élevées chez les médecins pour tirer la sonnette d’alarme. Le Dr Vitor Veloso, président de la Ligue portugaise contre le Cancer, dans la région nord du pays, a regretté les choix du gouvernement, dans le quotidien « Diario de Noticias » : « Dans la santé portugaise, on continue à adopter des mesures restrictives qui, il faut l’espérer, ne vont pas perturber encore davantage l’accès aux soins, le diagnostic, la thérapeutique ni le suivi des malades [...]Nous savons tous qu’il y a de bons et de mauvais professionnels et des conseils d’administration d’hôpitaux complètement inefficaces (contre lesquels d’ailleurs aucune mesure n’est prise), et que celui qui paie et qui supporte les restrictions est toujours le malade ».
Front médical.
Le syndicat des infirmiers portugais (SEP) a également exprimé sa préoccupation face à l’intention du gouvernement de renforcer les restrictions dans le secteur de la santé, qu’il qualifie d’« absurdes ».« Plusieurs objectifs d’économies, prévus dans le mémorandum de la troïka d’avril 2011, ont déjà été atteints et même dépassés », assure le SEP. Les médecins essaient d’unir leurs forces au sein d’une plateforme d’idées et de propositions dirigée par le Dr Manuel Brito, candidat aux prochaines élections de l’Organisation médicale portugaise (Ordem dos Medicos).
Plusieurs taxes ont été instaurées depuis plus d’un an pour réduire le consumérisme médical (sur les consultations, les transferts à l’hôpital, ou les services d’urgences…). En vain. L’ancien ministre des Affaires sociales, Antonio Arnaut, considéré comme le père du Serviço Nacional de Saúde (SNS), le système public de santé portugais, affirme que « le Portugal est actuellement sous respiration artificielle ». « Si ces taxes devaient encore augmenter, cela rendrait encore plus difficile l’accès au SNS ; et le pays ne pourra le supporter », ajoute-t-il.
Dégradation.
Le corps médical a déjà lourdement subi la détérioration progressive de ses conditions de travail depuis 2011 : réduction des salaires, suppression de jours de congé, surveillance de la prescription des ordonnances et des examens... Révélatrice de cette tension, une polémique a enflé ces derniers mois au sujet des certificats médicaux nécessaires au renouvellement du permis de conduire. Une circulaire du ministère portugais de la Santé a rendu obligatoire ce document. Se plaignant des tâches bureaucratiques excessives demandées aux praticiens, le syndicat Associaçao de Medicos de Saúde s’est opposé au ministère, arguant que « le médecin de famille n’est pas obligé légalement, mais a seulement l’obligation éthique de le faire pour les patients qu’il reçoit régulièrement ».
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