Éditorial

Affaires étrangères ?

Par
Publié le 24/04/2020

Quand on se regarde, on se désole, quand on se compare, on se console… Face à d’autres pays confrontés à la crise, la France a-t-elle été en avance, en retard, à la hauteur ou au-dessous de tout ?

La réponse viendra à point nommé, lorsque toutes les leçons seront tirées du drame sanitaire sans précédent que nous vivons. Mais déjà, quelques enseignements peuvent être relevés. Et d’abord, la sidération qui a saisi la plupart des nations confrontées à la pandémie. À la faveur des crises sanitaires de ces dernières années – SRAS, MERS, Ebola – on aurait certainement dû être davantage prévoyant. À raison, on cite la réactivité de l’Allemagne. Pourtant, la plupart des États ont semblé pris au dépourvu. Certains et non des moindres – États-Unis, Russie, Grande-Bretagne – ayant même opposé un vigoureux déni aux premières alertes. En France, on polémiquera sûrement longtemps sur la gestion défaillante des stocks de masques. Nous ne sommes pas les seuls. C’est là une maigre consolation.

L’autre constat qu’il faut dresser à quelques semaines de la sortie du confinement concerne l’état des systèmes de santé dans les pays développés. Les mouvements qui ont agité nos hôpitaux ces derniers mois ont bien entendu été mis en sourdine pour répondre à l’urgence, mais les causes profondes n’ont pas disparu. Visiblement, cette usure des personnels n’est pas une spécificité hexagonale. Et le séisme qui s'est produit révèle çà et là des structures de santé au bord de la rupture, que le Covid fragilise davantage. Là encore, c’est une source d’interrogation pour la suite : la pression économique n’est-elle pas trop forte pour un secteur sur lequel on ne peut décidément pas calquer tous les critères du secteur marchand ?

Enfin, comment ne pas s’interroger sur la faiblesse de la coordination interétatique dans la tourmente actuelle ? À l’évidence, face à ce type d'urgence de santé publique, les structures onusiennes ou européennes ne sont pas adaptées à la riposte. Il est impératif de leur donner des pouvoirs et des moyens.

Jean Paillard

Source : Le Quotidien du médecin