Entretien

Alexandre Jardin : « Pourquoi je soutiens les médecins »

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Publié le 09/07/2015
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Crédit photo : AFP

LE QUOTIDIEN : Pourquoi vous intéressez-vous à la situation des médecins ?

ALEXANDRE JARDIN : Le 13 juin, j’ai assisté à l’hôpital Cochin à la réunion des coordinations de médecins libéraux qui se retrouvaient pour voir comment poursuivre le combat contre le projet de loi de santé. Avec cet espoir que les médecins entrent dans une phase de révolte. Car la colère est créatrice.

Comprenez-vous les craintes que cette loi procure aux médecins ?

Oui ! Les médecins sont confrontés aux mêmes mécanismes à l’œuvre partout dans notre société, à savoir la fonctionnarisation progressive. Ils subissent des pressions sur leurs prescriptions. Les bureaucrates veulent briser leur serment d’Hippocrate pour des raisons comptables. C’est la même chose pour le tiers payant obligatoire ; la loi veut imposer un seul schéma, un mode de pensée unique. Or, les praticiens sont à des années-lumière de la culture technocratique qu’on tente de leur imposer. C’est la diversité des modes de pensée qui fait de nous une société vivante.

Que suggérez-vous à ces praticiens en colère ?

Je leur conseille d’imaginer des actions civiques. Récemment, un notaire a inventé un concept consistant à donner des conseils gratuits dans les cafés de quartier. Cet été, environ 1 000 notaires vont le faire. Cela rend un vrai service à une population et les notaires regagnent du crédit moral par l’action.

Si les médecins prenaient à bras-le-corps le problème des déserts médicaux, cela forcerait l’admiration et le respect des Français. Beaucoup se battent déjà pour trouver des solutions, mais ce n’est pas assez visible. Les médecins pourraient aussi organiser, par exemple, des actions de prévention dans la rue ou sur les plages. Il vient un moment où il faut savoir ce que l’on veut. Ou bien on fait une révolution positive, ou bien il en viendra une, noire ou brune. Nous avons renoncé à prendre notre avenir en main, si bien que des technocrates ont pris le relais. Prenons-nous en main ! La seule manière de gagner en crédibilité, c’est de commencer à régler les problèmes soi-même !

Propos recueillis par Henri de Saint Roman

Source : Le Quotidien du Médecin: 9427