Après le vote favorable du Parlement, Edouard Philippe invite les Français à utiliser l'application de traçage StopCovid dès le 2 juin

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Publié le 28/05/2020

Crédit photo : AFP

« J'invite tous nos concitoyens à utiliser StopCovid pour se protéger, et protéger ses proches et les autres », a exhorté ce 28 mai Édouard Philippe, en présentant le plan d'actions pour la phase 2 du déconfinement, qui s'ouvre ce 2 juin.

« StopCovid n'est pas l'arme magique contre l'épidémie, mais elle est un instrument complémentaire pour lutter contre l'épidémie, et ceci de manière encore plus efficace demain », a déclaré le Premier ministre. Et d'égrener la liste des instances qui se sont prononcées en sa faveur, de l'Académie de médecine au Conseil scientifique, en passant par le Comité national pilote d'éthique du numérique, l'Ordre des médecins, ou encore la Commission nationale informatique et liberté (CNIL). « StopCovid respecte les données personnelles et la vie privée : elle ne vous géolocalisera pas, l'État n'aura pas accès à vos données ni vos contacts », a-t-il insisté.

Majorité confortable à l'Assemblée

Le Premier ministre n'a pas manqué de se prévaloir de l'aval apporté par le Parlement à StopCovid, à l'issue de plusieurs heures de débat. Les députés ont en effet validé ce 27 mai le projet par 338 voix, contre 215 refus (de la part des groupes d'opposition de droite et de gauche) et 21 abstentions. Au Sénat, 186 sénateurs ont voté pour, 127 contre, 30 se sont abstenus.

Ces votes non contraignants pour le gouvernement n'en restent pas moins un motif de satisfaction notamment pour le secrétaire d'État chargé du numérique Cédric O, en première ligne sur le sujet. « Notre seul objectif est de sauver des vies », a-t-il réagi après le vote du Sénat.

Des garanties mises en avant par le gouvernement

Malgré les explications apportées par le gouvernement, StopCovid a profondément divisé les parlementaires.

La ministre de la Justice Nicole Belloubet a longuement insisté sur les « garanties » que représente l'aspect « temporaire et volontaire de cette application, en outre non identifiante et transparente ».

StopCovid « offre un complément utile et nécessaire » aux équipes sanitaires, qui retracent les personnes en contact avec des malades du coronavirus, a fait valoir Cédric O. L'application, qui doit permettre à une personne positive au coronavirus d'alerter automatiquement tous les utilisateurs avec lesquels elle a eu un contact prolongé, est notamment pertinente pour les urbains actifs aux multiples contacts dans les transports en commun, les magasins, etc. « Il nous faut contrôler par tous les moyens les résurgences de l’épidémie par une identification des personnes contaminées », a insisté le ministre de la santé, Olivier Véran, estimant que, « l’épidémie n'étant pas terminée », « le numérique peut nous aider encore davantage pour dépister précocement » les malades.

« Il s'agit d'un projet français », a encore souligné Cédric O. Car contrairement à d'autres pays, le gouvernement a choisi de ne pas passer par les solutions de Google et Apple, et a sollicité des chercheurs d'Inria, l'institut français de recherche en informatique. Un argument qui a notamment fait mouche auprès du patron des sénateurs LR Bruno Retailleau, qui entend « donner une chance à une application française, au nom de la souveraineté numérique, face aux sirènes des GAFAM » américains.

Des parlementaires divisés

À l’inverse, son homologue à l'Assemblée Damien Abad a dénoncé « une application mort-née, qui arrive trop tard et un pas de plus même prudent » vers une société « orwellienne ». Ces arguments ont été aussi égrénés à gauche : la députée socialiste Cécile Untermaier a jugé l'application tardive et mis en garde contre une société de la défiance, le sénateur socialiste Jérôme Durain a dénoncé une « foi dans la technologie qui peut s'apparenter à du solutionnisme technologique » tandis que l'Insoumis Jean-Luc Mélenchon a mené la charge contre un outil « inefficace » et « liberticide ».

De telles divisions parcourent la société. Selon un sondage réalisé par le cabinet de conseil Carvea et Opinea, auprès de 1 004 personnes, 45 % des Français sont plutôt défavorables à la mise en place d'une application numérique, craignant la perte de l'intimité et de la vie privée ou la divulgation des données personnelles.

Par ailleurs, d'autres outils alternatifs fleurissent. Comme l'application gratuite Mon geste en + de l'Institut français de l'Expérience patient (IFEP), qui permet à l'utilisateur de consigner dans un carnet numérique les contacts qu'il a fréquentés.


Source : lequotidiendumedecin.fr