AstraZeneca : la HAS recommande de « reprendre sans délai » la vaccination mais la restreint aux personnes de 55 ans et plus

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Publié le 19/03/2021

Crédit photo : S.Toubon

La Haute Autorité de santé (HAS) a précisé ce 19 mars les indications pour la reprise de la vaccination Covid AstraZeneca annoncée la veille par le Premier ministre en conférence de presse à la suite de l’avis positif de l’Agence européenne du médicament (EMA).

Si l’agence recommande de « reprendre sans délai » la vaccination AstraZeneca, la HAS la restreint aux personnes âgées de 55 ans et plus, en raison d’un possible surrisque d’événements rares et atypiques, de type coagulation intra-vasculaire disséminée (CIVD) et thrombophlébite cérébrale (TVC) chez les plus jeunes.

À ce stade de la campagne vaccinale, cette restriction ne devrait pas poser de difficultés, « les moins de 55 ans étant rarement prioritaires », rappelle la HAS. Les professionnels de santé de moins de 55 ans, ainsi que les patients de cette tranche d’âge avec comorbidités ou à risque de forme sévère, pourront être vaccinés par l’un des vaccins à ARNm, Pfizer ou Moderna, en centres de vaccination. Dans la foulée, la Direction générale de la santé (DGS) a envoyé un mail DGS-urgent en ce sens. 

Un lien de causalité qui ne peut être écarté

« Le vaccin AstraZeneca est un bon vaccin qui va sauver des vies, a souligné en conférence de presse la Pr Dominique Le Guludec, présidente de la HAS. Nous recommandons de reprendre rapidement la vaccination. C’est une très bonne nouvelle, ce sont des millions de personnes qui vont être protégées. »

L’utilisation du vaccin anglo-suédois avait été suspendue quelques jours, le temps que l’EMA mène une analyse sur la survenue d’événements graves thromboemboliques et hémorragiques chez des personnes vaccinées. « Le dispositif de pharmacovigilance a fait preuve de son efficacité », a souligné la Pr Le Guludec, se félicitant que l’exigence de transparence permette de garantir la confiance en la sécurité des vaccins.

Mais il reste que « l’EMA nous demande de ne pas ignorer des événements rares et atypiques de type CIVD et TVC », a expliqué la présidente de la HAS. Si le risque global d’événements thrombo-emboliques classiques, tels que phlébites et embolies pulmonaires, n’est pas augmenté en population générale par rapport à ce qui est attendu, l’EMA estime qu’un lien entre des événements de type CIVD/TVC et le vaccin AstraZeneca ne peut être écarté chez les sujets de moins de 55 ans : le risque de CIVD est multiplié par cinq, celui de TVC par 8-9 dans cette tranche d’âge.

Trois cas de CIVD/TVC en France

Les données européennes et du Royaume-Uni ont en effet fait remonter, en date du 16 mars, 25 événements graves qui ont entraîné le décès dans neuf cas, a précisé la Pr Élisabeth Bouvet, présidente de la commission technique vaccination à la HAS. « Ces cas, survenus 7 à 10 jours après la vaccination, ne concernent que les personnes âgées de moins de 55 ans et majoritairement des femmes, a-t-elle rapporté. En France, trois cas ont été signalés, un de CIVD chez une femme de 26 ans et deux de TVC, l’un chez un homme de 51 ans et l’autre chez une femme de 24 ans. » Pour rappel, 1,4 million de personnes a été vacciné avec AstraZeneca sur le territoire. Au Royaume-Uni qui a vacciné plus de 11 millions de personnes avec ce sérum, cinq cas de TVC sont en cours d’investigation.

Pour les personnes de moins de 55 ans ayant déjà reçu une première dose, la HAS indique ne pas avoir d’avis pour l’instant sur les modalités de l’administration de la 2e dose prévue à 12 semaines. « Les premiers vaccinés l’ont été début février, la 2e dose est donc programmée au plus tôt début mai, détaille la Pr Bouvet. Cela nous laisse le temps d’avoir une meilleure compréhension de la survenue de ces accidents. » Cet avis provisoire sera actualisé dès que possible, indique la HAS.


Source : lequotidiendumedecin.fr