Médecine de parcours et prévention

Ayrault brosse une stratégie santé centrée sur les soins primaires

Publié le 11/02/2013
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FRANÇOIS HOLLANDE avait promis une « stratégie nationale » pour lutter contre les inégalités d’accès à la santé. C’était en octobre au congrès de la Mutualité. Quatre mois plus tard, son Premier ministre a lancé ce chantier à Grenoble, signe d’une reprise en main du dossier santé par Matignon.

Lors d’une matinée bien remplie, Jean-Marc Ayrault a visité au pas de charge le CHU de Grenoble et son pôle couple-enfant avant de se rendre dans un pôle de santé libéral. Le chef du gouvernement a échangé quelques mots avec les urgentistes du CHU, démissionnaires, à qui il a assuré le « soutien de l’État ». Lors de ces rencontres, Jean-Marc Ayrault, accompagné des ministres de la Santé et de l’Enseignement supérieur, a serré le plus grand nombre de mains possibles des médecins et soignants.

Pas de rationnement.

À l’issue de cette visite, le Premier ministre a détaillé la feuille de route santé du gouvernement. « Il faut engager une réforme structurelle de notre système de santé, a affirmé Jean-Marc Ayrault. Ce ne sera pas l’œuvre de quelques mois, mais des cinq ans, voire des dix ans à venir ». Le Premier ministre a officiellement installé un comité des sages chargé de l’épauler (ci-dessous).

Le locataire de Matignon n’a pas oublié de souligner les mesures déjà prises : hausse du plafond de la CMUC, accord conventionnel de régulation des dépassements d’honoraires, accès de 4 millions de personnes supplémentaires à l’aide à la complémentaire santé. Et même s’il est « déterminé à assurer le retour à l’équilibre des comptes de l’assurance-maladie », le Premier ministre a exclu tout rationnement des soins. « Des marges de progrès existent », a-t-il assuré, citant les « soins inutiles ou inadéquats » ou des

« médicaments prescrits ou consommés à mauvais escient ».

Moins d’hôpital.

Sur le fond, Jean-Marc Ayrault a appelé à une réforme du parcours de soins (2004) rappelant que chaque acteur devait être mieux confirmé dans son rôle. « À la médecine de ville, il revient d’apporter des soins de premier recours, a-t-il précisé. L’hôpital est le lieu où les diagnostics les plus graves doivent être confirmés, et où les épisodes aigus doivent être pris en charge ». Et d’enfoncer le clou : « Il faut cesser de concevoir la médecine comme une succession d’actes ponctuels et créer une médecine de parcours, qui repose sur la coopération des professionnels et l’implication des patients ». Le message est clair : ce n’est plus au patient de se débrouiller dans le maquis des soins mais aux professionnels et aux structures de le guider, en donnant la priorité quand c’est possible aux équipes de premier recours.

Le Premier ministre a apporté un soutien formel au plan démographie présenté par Marisol Touraine en décembre. « Mais il faudra poursuivre nos efforts contre les déserts médicaux », a-t-il mis en garde.

Concernant l’hôpital, le rapport qu’Édouard Couty sera remis dans les tout prochains jours.

Sans surprise, le gouvernement entend s’appuyer sur l’e-santé et la télémédecine mais aussi renforcer la prévention et la prise en charge de la santé mentale. « Ces réformes trouveront leur place dans la loi de santé publique qui sera votée l’an prochain », a précisé Jean-Marc Ayrault.

Le Premier ministre a prévenu : « nous avons tous une obligation de résultats ». D’aucuns verront derrière cette phrase, ponctuant son déplacement santé, le signe d’une mise sous surveillance de Marisol Touraine.

CHRISTOPHE GATTUSO
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Source : Le Quotidien du Médecin: 9217