Campagne antigrippale : coup d'envoi de la vaccination pour les publics cibles, si possible couplée avec la dose anti-Covid d'automne

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Publié le 18/10/2022

Crédit photo : S.Toubon

« Vaccinations au pluriel, publics cibles et gestes barrières, ce sont nos trois messages », a exhorté ce 18 octobre le ministre de la Santé François Braun, à l'occasion du lancement de la campagne vaccinale anti-grippe, couplée cette année au rappel anti-Covid, initié, par anticipation, depuis le 3 octobre.

« L'enjeu est cette année de relever le défi de la double vaccination, car les deux publics cibles sont proches », a précisé le ministre, appelant les professionnels de santé à sensibiliser leurs patients à recevoir une injection dans chaque bras. La grippe serait responsable de plus de 9 000 décès supplémentaires par an, tandis que la vaccination permettrait de sauver 2 000 vies parmi les personnes de plus de 65 ans, voire 3 000 si la couverture vaccinale s'élevait à 75 % chez les populations cibles comme le recommande l'Organisation mondiale de la santé (OMS). « Les personnes fragiles ont les moyens de se protéger contre le Covid et la grippe, qui sont des maladies graves. Nous ne sommes pas dans un pays déshérité, nous avons la chance d'avoir des vaccins », a déclaré la Pr Brigitte Autran, présidente du Comité de veille et d'anticipation des risques sanitaires (Covars).

Et d'insister sur la pertinence du couplage des deux vaccinations, qui induit des réponses immunitaires aussi efficaces que lorsqu'elles sont séparées, sans provoquer davantage de fatigue. Plus de 70 % des généralistes estiment que la co-vaccination est plutôt bien acceptée par les patients, selon une enquête BVA d'avril 2022.

Des publics cibles prioritaires jusqu'au 15 novembre

Le message du gouvernement se veut d'autant plus fort qu'aux couvertures vaccinales trop faibles, s'ajoute de la « lassitude vaccinale ». Le taux de couverture vaccinale antigrippe s'élevait à 52, 6 % en 2021-2022 ; il n'était que de 56,8 % pour les 65 ans et plus, et de 34,3 % pour les plus jeunes ayant des maladies chroniques (voire 18,7 % chez les enfants malades). Ce taux est aussi insuffisant chez les femmes enceintes (16 % en 2019-2020, 8 % en 2021-2022), et très hétérogène parmi les professionnels de santé. Si 75 % des médecins étaient vaccinés en 2021, seulement 41 % des infirmiers, 24 % des aides-soignants et 36 % des autres paramédicaux l'étaient. Les intentions vaccinales s'essoufflent, passant de 69 % l'an dernier à 61 % cette année, confirme la Pr Laetitia Huiart, de Santé publique France.

Pourtant, « il n'y a pas d'hiver sans grippe - même si nous ne savons pas quand l'épidémie commencera. Après des années où, grâce aux gestes barrières, on a éloigné les virus hivernaux, il pourrait y avoir un effet boomerang, avec des niveaux d'infection plus importants », a expliqué la Pr Autran. Les experts craignent en effet une épidémie de grippe plus forte cette année, d'après les remontées de l'hémisphère Sud.

L'augmentation de la couverture vaccinale chez les personnes fragiles étant un objectif prioritaire, la délivrance et l'administration du vaccin antigrippal leur sont réservées du 18 octobre au 15 novembre 2022. Sont concernés : les personnes âgées de 65 ans et plus, les adultes et enfants souffrant de pathologies chroniques (insuffisance respiratoire, insuffisance cardiaque, diabète, insuffisance rénale, asthme, bronchopneumopathie obstructive…) ; les personnes obèses avec un indice de masse corporelle égal ou supérieur à 40 kg/m2 ; les femmes enceintes ; l'entourage des nourrissons de moins de 6 mois à risque de grippe grave et les proches des personnes immunodéprimées. Et tous les professionnels de santé. Les autorités attirent en particulier l'attention sur les jeunes seniors, de 65 ans. « Leur sentiment d'invulnérabilité lié à l'âge constitue la principale raison de s’estimer hors de danger, avec pour conséquence une couverture vaccinale particulièrement faible », regrette le ministère.

Déjà 16 millions de personnes ont reçu un courrier d’invitation de l'Assurance-maladie, accompagné d’un bon de prise en charge du vaccin à 100 % ; elles peuvent venir retirer leur vaccin à la pharmacie (médecins et pharmaciens peuvent télécharger le bon du patient). Seuls les mineurs de moins de 16 ans ont besoin d'une prescription médicale préalable à la vaccination. Celle-ci peut être réalisée par un médecin, une sage-femme, un infirmier(e) ou un pharmacien.

À noter, les personnes qui ne sont pas prioritaires pourront acheter leur vaccin, non remboursé, en pharmacie à partir du 15 novembre.

Plus de 30 % de doses supplémentaires

« Nous avons les vaccins nécessaires », a déclaré le ministre François Braun, précisant que la France avait 30 % de doses supplémentaires par rapport au nombre total utilisé l'an passé. Une campagne de communication sera diffusée du 23 octobre au 20 novembre, et les professionnels de santé peuvent télécharger des outils de communication sur le site Ameli. Quatre vaccins sont disponibles : Fluarix Tetra, Influvac Tetra, et Vaxigrip Tetra, et Efluelda, d'efficacité similaire.

Les autorités insistent sur l'importance des gestes barrières, utiles pour se protéger de l'ensemble des virus hivernaux, grippe, Covid, ou encore VRS, responsable des bronchiolites. « Le système de santé est fragile », a ajouté le Dr Braun.

Une épidémie 2021-2022 tardive

« Aucune autre épidémie de grippe que celle de 2021-2022 n’avait atteint son pic aussi tardivement au cours de la période 2009-2022 », constate Santé publique France dans son « bulletin épidémiologique hebdomadaire », publié ce 18 octobre, reprenant des conclusions tirées déjà en juin dernier.

Si une circulation active des virus grippaux a été détectée dès décembre 2021, elle s'est maintenue à un niveau faible pendant deux mois. Une recrudescence épidémique a été détectée à partir du mois de mars, et a atteint son pic début avril, avant de se terminer fin avril.

Cette épidémie, qui a duré neuf semaines, s'est caractérisée par une co-circulation des virus A(H3N2) et A(H1N1)pdm09. Autre originalité : son impact a été modéré en population générale, mais important chez les enfants de moins de 15 ans.

Les auteurs appellent aussi à rechercher systématiquement les virus respiratoires Sars-CoV-2, influenza et VRS par tests RT-PCR. Une pratique adoptée dans les services d'urgences pédiatriques, mais encore trop peu dans les services d'urgences générales.


Source : lequotidiendumedecin.fr