Cinq milliards de personnes restent surexposées aux acides gras trans industriels, déplore l’OMS

Par
Publié le 23/01/2023

Crédit photo : Garo/Phanie

Cinq milliards de personnes ne sont toujours pas protégées contre les acides gras trans industriels, alors que ces produits utilisés dans de nombreux aliments de grande consommation n’ont « aucun avantage connu et présentent d'énormes risques pour la santé qui entraînent des coûts énormes pour les systèmes de soins », déplore le patron de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, dans un communiqué.

En 2018, l’agence s’était fixée pour objectif d’éliminer ces acides gras trans de l'alimentation mondiale d’ici à 2023. Mais, dans son rapport publié ce 23 janvier, elle juge que l’ambition « est inatteignable à l'heure actuelle. » Seuls 43 pays ont mis en œuvre des politiques pour lutter contre les acides gras trans industriels, protégeant la santé de 2,8 milliards de personnes.

Ces produits sont présents dans les graisses végétales solidifiées et se trouvent couramment dans les aliments emballés, les snacks, les huiles de cuisson ou encore les pâtes à tartiner. L’OMS estime qu’ils sont à l'origine de maladies cardiaques responsables de 500 000 décès par an. « Actuellement, neuf des 16 pays ayant la proportion estimée la plus élevée de décès par maladie coronarienne causée par l'apport en acides gras trans n'ont pas de politique de bonnes pratiques. Il s'agit de l'Australie, de l'Azerbaïdjan, du Bhoutan, de l'Équateur, de l'Égypte, de l'Iran, du Népal, du Pakistan et de la République de Corée », est-il pointé.

Une politique d’élimination adoptée par un nombre croissant de pays

Plusieurs approches ont pourtant démontré leur efficacité pour réduire l’exposition, est-il rappelé : instaurer une limite obligatoire de 2 % d’acides gras trans industriels dans tous les aliments et/ou l'interdiction des huiles partiellement hydrogénées. « L'élimination des acides gras trans est rentable et présente d'énormes avantages pour la santé », plaide le patron de l’OMS, selon qui ces « produits chimiques toxiques (...) tuent et ne devraient pas avoir leur place dans les aliments ».

Pour l’heure, la plupart des politiques d'élimination de ces produits ont été mises en œuvre dans des pays à revenu élevé (principalement dans les Amériques et en Europe), et un nombre croissant de pays à revenu intermédiaire adoptent ces politiques, notamment l'Argentine, le Bangladesh, l'Inde, le Paraguay, les Philippines et l'Ukraine.

D’autres s’apprêtent à les suivre en 2023, comme le Mexique, le Sri Lanka et le Nigeria qui serait alors « le deuxième pays d'Afrique et le plus peuplé » à s’engager sur cette voie, souligne l’OMS, rappelant qu’« aucun pays à faible revenu » n’a encore fait un pas en ce sens. « Il y a certaines régions du monde qui ne croient pas que le problème existe », a noté Francesco Branca, chargé de la sécurité alimentaire à l'OMS, lors d'un point de presse.

« Chaque gouvernement peut mettre un terme à ces décès évitables en adoptant dès maintenant une politique » en la matière, a martelé le Dr Tom Frieden, ancien patron des centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC) américains et président de Resolve to Save Lives qui lutte notamment contre les maladies cardiovasculaires. « Il est temps de s'en débarrasser une fois pour toutes », appuie Tedros Adhanom Ghebreyesus.

E.B. avec AFP

Source : lequotidiendumedecin.fr