À Clermont-Ferrand, les hôpitaux locaux se méfient des GHT « trous noirs » et plébiscitent les CPTS 

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Publié le 30/11/2018
hopital local

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Crédit photo : PHANIE

À quelle sauce les hôpitaux locaux vont-ils être mangés avec le déploiement du plan Ma santé 2022 ? C'est l'une des questions évoquées à l'occasion du colloque annuel de l'Association nationale des centres hospitaliers locaux (ANCHL) qui se tenait ce vendredi à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). Devant la restructuration de l'offre territoriale qui s'annonce, les acteurs des petits établissements de soins ont marqué leur volonté de travailler avec les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) plutôt qu'au sein des massifs groupements hospitaliers de territoire (GHT).

Les hôpitaux locaux sont parmi les établissements les plus hostiles au développement des GHT. Ces petites structures, souvent rurales, où exercent des médecins généralistes libéraux, ne voient pas d'un bon œil cette organisation où ils sont largement minoritaires. Alors quand le Dr Frédéric Martineau, représentant de la Fédération hospitalière de France (FHF) et « père » des GHT, est venu expliquer à la soixantaine de congressistes présents qu'ils étaient « une chance pour les GHT », il n'a pas manqué de faire réagir.

Pour le Dr Hélène Colombani, présidente de la Fédération nationale des centres de santé (FNCS), les GHT portaient, dès leur création, la marque de l'échec. « Le découpage territorial a été mal fait et l'ambulatoire laissé de côté, tout cela a créé une incompréhension qu'ils payent aujourd'hui. »

Le Dr Philippe Sarrou, président de la commission médicale d'établissement (CME) de l'hôpital de Langeac (Haute-Loire), regrette le tempo imposé des GHT, trop rapide pour laisser aux acteurs le temps nécessaire à l'élaboration d'un projet de territoire pertinent. « Les GHT nous ont donnés tout sauf du temps, déplore le médecin généraliste. Dans mon département, nous n'avons eu que quelques mois pour élaborer un projet de santé partagé qui est une énorme coquille vide. »

Coopérer avec la médecine de ville

« Comment faire vivre les initiatives locales ? », s'est interrogé le Dr Sarrou. Certainement pas grâce aux GHT qui, selon lui, « empêchent aujourd'hui l'intelligence collective ». Galvanisé par les satisfecit de l'auditoire, le praticien n'a pas mâché ses mots pour exprimer son rejet de cette réforme de la carte sanitaire prévue par Marisol Touraine. « Vous dites que les GHT sont intégratifs, pour moi ils sont un trou noir, tout ce qui y rentre est absorbé par le centre », a-t-il lâché à l'intention du Dr Martineau sous les applaudissements.

La prestation du Dr Jean-François Ricono a également semblé faire mouche auprès de l'auditoire. Le président de la CME du centre hospitalier des Marches de Bretagne (Ille-et-Vilaine) a partagé son expérience de collaboration avec une CPTS, autre mesure de la loi Touraine – celle-là appréciée. En répondant à l'appel à projet de l'agence régionale de santé (ARS) Bretagne, le généraliste a pu formaliser une idée qu'il avait de longue date. Sur son territoire, deux maisons de santé libérales et un hôpital de proximité travaillent main dans la main sous la forme d'une association loi 1901. « Nous avons réussi à développer une coopération étroite entre l'hôpital local et la médecine de ville », se satisfait le Dr Ricono. 


Source : lequotidiendumedecin.fr