Covid-19 : les enfants toujours à moindre risque, malgré l'ouverture des classes, selon une étude de la Société française de pédiatrie

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Publié le 23/02/2021
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Crédit photo : PHANIE

Malgré l'ouverture des écoles depuis la rentrée de septembre 2020, la circulation virale du SARS-CoV-2 est restée moindre chez les enfants, par rapport aux adultes. C'est ce que met en lumière une étude épidémiologique publiée dans « Archives de pédiatrie » par la Société française de Pédiatrie (en partenariat avec Santé publique France), qui y voit un nouvel argument en faveur d'une scolarité en présentiel, accompagnée de protocoles sanitaires efficaces. Une position que la SFP soutient depuis le début de l'épidémie, en dénonçant les effets délétères des fermetures des écoles.

Les auteurs se sont penchés sur les données épidémiologiques de la rentrée des classes de 2020 (semaines 34 à 42, du 17 août au 25 octobre), produites par Santé publique France et le ministère de l'Éducation nationale.

Des taux d'incidence et de positivité croissants avec l'âge

Tout au long de la période, la circulation virale du SARS-CoV-2 n'a cessé d'augmenter, comme en témoigne l'augmentation des taux de positivité des tests PCR et des taux d'incidence, observée dans toutes les classes d'âge.

Mais le phénomène est moins prononcé chez les enfants. Le risque d'avoir un test positif pour les petits de 0 à 5 ans est 54 % moindre que pour les adulteset 31 % inférieur pour les 6-17 ans, à la fin de la période (semaine 42) - et ceci alors que les indications des PCR étaient plus restreintes pour les enfants (testés que si à risque) que pour les adultes. « Cela rejoint certaines études qui suggèrent que les enfants sont moins susceptibles d'être infectés par le Covid, et sont des plus faibles transmetteurs », commentent les auteurs - bien que d'autres études soient plus nuancées.

Les taux de positivité chez les plus jeunes oscillent entre 6 et 8 % et entre 9 et 11 % pour les enfants et adolescents, tandis qu'ils sont de 14 à 15 % pour les adultes. « Les moins de 18 ans sont à l'origine de moins de 13 % des cas identifiés alors qu'ils représentent 22 % de la population totale », résument les auteurs. Néanmoins, ces derniers attirent l'attention sur la pertinence du port du masque chez les 6-10 ans, tranche d'âge où les taux de positivité ont augmenté plus vite que parmi les 11-14 ans, jusqu'à les dépasser légèrement fin octobre (11,3 versus 9,7 %), avant que le masque ne soit obligatoire dès 6 ans.

Quant au taux d'incidence, alors que la moyenne nationale est de 260 cas positifs pour 100 000 personnes fin octobre, il reste à cette période aux alentours de 25 pour 100 000 personnes (contre 10 début septembre) chez les 0-5 ans, qui fréquentent garderies ou crèches.

Le taux d'incidence augmente ensuite d'autant plus fortement que les enfants sont plus âgés : 90,5 pour 100 000 pour les 6-10 ans, 190 pour les 11-14 ans, 316 pour les 15-17 ans et jusqu'à 438 pour les 18-24 ans avant de redescendre chez les populations plus âgées.

Des mesures à renforcer auprès des lycéens

« Les données dans les écoles secondaires sont proches de celles observées chez les adultes », voire supérieures lorsqu'on regarde les taux d'incidence, souligne la Société française de Pédiatrie, « ce qui montre que les mesures de distanciation sociales et d'hygiène prises dans les lycées, ou l'adhérence, ne sont pas suffisantes pour prévenir la transmission », lit-on.

« Il est aussi probable que les comportements festifs au sortir du lycée ou le week-end, expliquent en partie ce résultat. Il découle aussi certainement d'un profil physiologique intermédiaire, face au risque d'infection virale et de transmission », ajoutent les auteurs. Et d'attirer l'attention sur les mesures à adopter dans les lycées et les collèges, dans un contexte de circulation active du virus.

Mais cette vigilance nécessaire chez les adolescents n'infléchit pas l'ensemble du message, à savoir l'importance de maintenir les écoles ouvertes. D'autant que d'autres arguments vont en ce sens : le faible nombre de classes fermées (moins de 1 %) et de clusters investigués en milieu scolaire rapportés par les Agences régionales de santé (moins de 15 % de tous les clusters), quand bien même ces chiffres seraient sous-estimés. « Il n’y a aucun argument pour penser que les professionnels travaillant dans les établissements scolaires ont été plus infectés, peut-être en raison des précautions prises dans les écoles », lit-on encore.

Enfin, l'étude française confirme que les enfants font rarement des formes graves de Covid-19 (les enfants ne représentaient à l'automne que 2 % des hospitalisations, voire 1,3 % des admissions en réanimation, aucun décès n'a été observé), et que les formes asymptomatiques sont prédominantes entre 3 et 10 ans.


Source : lequotidiendumedecin.fr