Culture à l’hôpital à Toulouse

De l’art pour les détenus

Publié le 13/03/2014
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Crédit photo : DR

À Toulouse, c’est une vieille histoire qui unit le service médico psychologique régional (SMPR) du centre hospitalier Gérard Marchant et le ministère de la culture ; grâce à une convention « culture à l’hôpital » conclue il y a une dizaine d’années.

Dans le cadre de ce partenariat, un atelier d’art plastique est proposé tous les mardis au sein même du centre de détention de Muret par la plasticienne Cathy Branger. Il est fréquenté par une douzaine de détenus qui exposent ensuite leurs œuvres une fois par an au musée d’art contemporain des Abattoirs. « Mais, nous n’avons pas vocation à soigner les détenus avec cet atelier, simplement à les aider à aller mieux », précise d’emblée le Dr Gérard Laurencin qui accompagne ce projet. Il décrit « une façon d’aider à la bonne santé mentale en confrontant le fantasme de la création aux contraintes techniques de la réalisation d’une œuvre ; de favoriser aussi les rencontres et le travail de groupe dans le respect d’autrui ».

Le deuxième volet de ce partenariat inédit c’est une exposition d’œuvres originales prêtées par le musée d’art contemporain sur les murs de la prison une fois par an. Les détenus choisissent à chaque fois, les thèmes des œuvres qu’ils aimeraient voir, et sur lequel ils travaillent en ateliers.

La confrontation aux œuvres

Autoportraits, paysages, monde animal... « Cette année, ils nous ont demandé de les faire rêver, nous leur avons donc proposé la tête dans les étoiles », décrit Laurence Darrigand, la responsable des publics au musée des Abattoirs. Depuis le 25 février dernier elle a accroché dans le couloir central du centre de détention de muret, une vingtaine de toiles originales : Joan Miro qui revisite un poème de René Char, une toile abstraite et hypnotisante de François Morellet, ou une photo en trompe-l’œil de Cuchi White…

« Ces œuvres resteront ici jusqu’au mois de juillet, car en prison, la notion de temps n’est pas la même : exposer pendant seulement deux mois, cela n’aurait pas de sens », insiste-t-elle. Ce couloir central n’a pas non plus été choisi au hasard, c’est en effet un lieu de passage quotidien pour les détenus qui se rendent au parloir, ou à l’infirmerie… Daniel, les découvre aujourd’hui. « Je n’avais pas encore eu le temps de passer, c’est extraordinaire, je reste toujours un peu ébahi par la peinture », raconte celui qui a découvert la peinture depuis son incarcération et ne rate pas un atelier depuis 2011. « Je peins à l’acrylique, et c’est devenu un moyen d’évasion pour moi, poursuit-il. Je peins pratiquement toute la journée en cellule et je ne pense plus à rien. J’aime aussi les ateliers qui me permettent de partager une activité avec d’autres, c’est important. »

Béatrice Girard

Source : Le Quotidien du Médecin: 9309