Antennes-relais

Débat sur le principe de précaution

Publié le 05/03/2009
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L’ACADÉMIE, dans sa « mise au point », ne nie pas les troubles ressentis par les plaignants de Tassin-la-Demi-Lune et de Châteauneuf-du-Pape, dans les deux cas passés en justice, ou ceux d’autres riverains d’antennes-relais. Mais elle rappelle que les antennes entraînent une exposition aux champs électromagnétiques 100 à 100 000 fois plus faible que les téléphones portables ; que l’OMS et le SCENIHR (organisme scientifique de la Commission européenne sur les risques pour la santé émergents et nouvellement identifiés) se sont prononcés sur l’absence de risque de ces antennes ; et que, à ce jour, aucun système sensoriel humain permettant de percevoir ce type de champ n’a été identifié.

Si « l’angoisse ou la phobie en présence d’émetteurs de champs électromagnétiques peuvent être réelles et justifier une prise en charge adaptée », il est donc regrettable que ces troubles « soient utilisés à des fins contestables au détriment des intéressés ». Et l’inquiétude de l’Académie dépasse les deux jugements : « La prééminence du "ressenti" du plaignant, si elle fait jurisprudence, remet en cause les fondements mêmes de l’expertise scientifique et médicale, au risque de laisser la porte ouverte à des décisions lourdes de conséquences en matière de santé publique », souligne-t-elle en parlant d’ « utilisation dévoyée » du principe de précaution.

L’Académie de médecine, qui a mis en place un groupe de travail avec ses homologues des sciences et des technologies, renouvelle sa mise en garde contre une interprétation subjective du principe de précaution et demande que les modalités de son application soient précisées par le législateur.

Une table ronde gouvernementale.

De son côté, le gouvernement, qui avait annoncé vouloir organiser un Grenelle de la téléphonie mobile, sous l’égide du secrétariat d’État au Développement de l’économie numérique, a recentré son sujet. À la demande de François Fillon, une table ronde se penchera le 26 mars sur les dangers potentiels des mobiles et des antennes-relais pour la santé publique. Elle sera pilotée par Roselyne Bachelot, entourée de Chantal Jouanno et de Nathalie Kosciusko-Morizet, et réunira des scientifiques, des associations et des représentants de la société civile et des collectivités territoriales. La Ville de Paris a pour sa part lancé lundi dernier une conférence de citoyens sur les ondes et la santé, qui se déroulera jusqu’en juin.

RENÉE CARTON

Source : lequotidiendumedecin.fr