Démantèlement de la « jungle » de Calais : le Défenseur des droits alerte sur les droits des mineurs

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Publié le 19/10/2016
toubon calais

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Crédit photo : EUROPE 1

Le Défenseur des droits, Jacques Toubon, a demandé que le démantèlement de la « Jungle » de Calais, imminent depuis le feu vert du tribunal administratif de Lille ce 18 octobre (la date du 24 octobre est avancée), se fasse dans le respect des droits des migrants, notamment pour les 1 300 mineurs qui s'y trouvent.

Ce démantèlement est, « je le dis très clairement, nécessaire sur le plan humanitaire, sur le plan de la sécurité », a-t-il déclaré sur Europe 1, qualifiant d'« intolérable et d'abord pour ceux qui y vivent », les conditions dans ce bidonville où l'on compte de 5 700 à 10 000 migrants selon les sources.

« L'important est quelles dispositions sont prises pour que ce démantèlement soit accompagné de dispositifs » assurant que les personnes quittant le campement « soient installées dans des conditions normales, c'est-à-dire dignes de leurs droits », a-t-il ajouté.

Droit inconditionnel à l'abri, l'éducation, la santé

« Les mineurs jouissent de droits particuliers en vertu d'une convention internationale et en vertu des lois françaises, ils ont un droit inconditionnel à l'abri, à l'hébergement, à l'éducation, à la santé. Pour l'instant, nous n'avons aucune assurance » sur le respect de ces droits, a insisté le Défenseur des droits.

« Nous avons demandé que les 1 300 mineurs qui sont sur place ne soient pas chassés immédiatement mais soient provisoirement hébergés dans les bâtiments en dur qui existent déjà, c'est-à-dire les containers », a-t-il ajouté. Selon un document de la préfecture du Pas-de-Calais, les bâtiments en dur de la « Jungle » pourraient servir de « zone tampon » pour héberger les mineurs avant leur ré-orientation sur le territoire français ou étranger.

Départs vers l'Angleterre ou CAO-mineurs

Ce 17 octobre, 14 mineurs, puis 12, le lendemain, sont partis pour l'Angleterre, au titre du regroupement familial. Sur les 1 300 mineurs, 500 font état de famille au Royaume-Uni. « Demain, après-demain, nous allons amplifier ce voyage tant souhaité par certains mineurs », a déclaré la préfète du Pas-de-Calais, Fabienne Buccio, affichant sa volonté d'augmenter et d'accélérer le mouvement. « Nous avons simplifié les procédures du côté français mais aussi anglais. Il faut que tout se négocie », a-t-elle ajouté.

Dans une tribune parue dans le quotidien britannique « The Guardian », le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a demandé au Royaume-Uni « d'assumer toutes ses responsabilités dans l'accueil des mineurs » de Calais.

Les autres mineurs, attendant leur départ ou l'entrée dans les dispositifs de droit commun, devraient être orientés « dans des centres d'accueil et d'orientation dédiés, avec l'accompagnement qui va avec », a indiqué Bernard Cazeneuve, évoquant pour la première fois des CAO-mineurs.

« Les mineurs isolés seront pris en charge intégralement par l'État pour que les départements (responsable de l'Aide sociale à l'enfant, N.D.L.R.) n'aient pas à supporter cela », a précisé le ministre de l'Intérieur. 


Source : lequotidiendumedecin.fr