Après plusieurs années de progression continue de l’activité de dépistage du VIH en France, la chute de 13 % enregistrée lors de l’épidémie de Covid entre 2019 et 2020 n’a pas été complètement rattrapée en 2021 (+8 %), « d’où un déficit du recours au dépistage », alerte Santé publique France (SPF), à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida, le 1er décembre.
Les données de surveillance du VIH et des infections sexuellement transmissibles (IST) publiées ce 29 novembre dans le dernier bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) montrent en revanche que le recul du dépistage observé en 2020 a été rattrapé en 2021 pour les IST bactériennes.
L’ensemble de ces données sont « peu robustes en raison de la baisse de participation des professionnels de santé à la surveillance, en particulier à celle de l’infection à VIH », précise SPF, rappelant l’importance de l’engagement des professionnels. Leur mobilisation, qui a reculé au début de la pandémie, est « essentielle » pour « aider au pilotage de la stratégie nationale de santé sexuelle 2017-2030 », insiste l’agence.
Une stabilité des nouvelles infections VIH difficile à interpréter
En 2021, 5,7 millions de sérologies VIH ont été réalisées par les laboratoires de biologie médicale. C’est plus qu’en 2020 (5,3 millions de sérologies, + 8 %), mais moins qu’en 2019 (6,1 millions). En parallèle, le nombre estimé de découvertes de séropositivité VIH apparaît stable en 2021, quels que soient le mode de contamination et le lieu de naissance des personnes diagnostiquées, avec 5 013 découvertes.
Cette stabilité dans un contexte de reprise des dépistages est « difficile à interpréter en termes de dynamique de l’épidémie », explique Florence Lot, de la direction des maladies infectieuses de SPF, dernière autrice de l’étude, lors d’une conférence de presse.
Parmi ces découvertes, 24 % sont intervenues à un stade précoce, « une proportion qui tend à diminuer », selon Florence Lot, 47 % à un stade intermédiaire, une proportion en hausse, et 29 % à un stade avancé de l’infection, « ce qui constitue une perte de chance en termes de prise en charge individuelle et un risque de transmission du VIH aux partenaires avant la mise sous traitement antirétroviral », est-il souligné dans l’étude.
Des IST davantage détectées
À l’inverse, pour les trois IST bactériennes étudiées (chlamydiose, gonococcie et syphilis), les taux de dépistage dépassent en 2021 ceux de 2019. L’an passé, 2,3 millions de personnes ont bénéficié d’au moins un dépistage d’une infection à Chlamydia trachomatis (+9 % par rapport à 2019), 2,7 millions d’un dépistage d’une infection à gonocoque (+6 %) et 2,8 millions d’un dépistage de la syphilis (+3 %).
Cette dynamique s’accompagne d’une augmentation des diagnostics des infections à chlamydia et gonocoque, qui pourrait être liée à une incidence accrue, avancent les auteurs. Le nombre de diagnostics de syphilis en Cegidd (centres gratuits d'information, de dépistage et de diagnostic) reste quant à lui « relativement stable depuis 2016 », mais l’incidence des cas en médecine générale a augmenté entre 2020 et 2021.
Dépister pour traiter précocement
La crise sanitaire a donc eu un impact important sur le recours au dépistage pour le VIH et les IST bactériennes. Malgré une reprise en 2021, cette tendance « peut laisser craindre un retard au diagnostic et une circulation plus importante de ces infections », résume SPF.
Concernant le VIH, « un dépistage précoce permet de bénéficier d'un traitement antirétroviral, de baisser la charge virale et de ne plus transmettre le VIH », rappelle Florence Lot. Les traitements antiviraux ont ainsi un « impact direct sur la dynamique de l’épidémie » et ont l’intérêt, quand les IST sont silencieuses, « de casser les chaînes de transmission et la circulation de ces infections », rappelle SPF.
Pour relancer le dépistage, l’agence rediffuse sa campagne « Vivre avec le VIH, c’est d’abord vivre » qui vise à « renforcer la connaissance de l’effet préventif du traitement antirétroviral (Tasp) et lutter contre les discriminations ». Depuis le 18 novembre, la campagne a été lancée dans la presse (papier et en ligne), par affichage, via des partenariats éditoriaux et un volet digital (diffusion sur Netflix de la vidéo « Lettre à moi-même », en versions courtes sur Youtube, Facebook, Instagram et des sites spécialisés).
Inciter à la prévention combinée
L’agence insiste aussi sur la nécessité d’inciter à une prévention combinée de l’ensemble des IST : préservatif, prophylaxie pré-exposition (Prep) et traitement post-exposition (TPE). Selon les résultats de la 3e édition (2021) de l’enquête « Rapports au sexe » sur l’évolution de la prévention chez les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) séronégatifs, le niveau global de prévention contre le VIH se révèle stable. L’usage du préservatif reste important mais décline (de 67 % en 2017 à 60 % en 2019 et 45 % en 2021), tandis que le recours à la Prep, lors du dernier rapport anal avec un partenaire occasionnel, est passé de 7 % en 2017 à 28 % en 2021.
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