Dérives sectaires : la Miviludes intègre le ministère de l'Intérieur et la lutte contre la radicalisation

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Publié le 16/07/2020

Crédit photo : Phanie

La mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes), qui dépendait jusqu'alors de Matignon, sera désormais rattachée au ministère de l'Intérieur, selon un décret présenté ce 15 juillet en Conseil des ministres.
Créée en 2002, la mission partage son activité entre le traitement des signalements qui lui sont transmis (environ 2 500 par an, dont 40 % dans le domaine de la santé) et la formation des agents publics (magistrats, policiers et gendarmes, médecins…) aux risques sectaires.

Auparavant directement rattachée au Premier ministre, elle conserve l'intégralité de ses missions, mais sera à présent placée sous l'autorité du secrétaire général du comité interministériel de la prévention de la délinquance et de la radicalisation (SG-CIPDR).

Partage de compétences entre Miviludes et comité de prévention de la radicalisation

Ce changement « s'appuie sur la nécessité de renforcer le partage de compétences entre la Miviludes et le SG-CIPDR sur les questions d'emprise mentale et de lutte contre les nouvelles formes de radicalité », explique le décret. Cela « améliorera le service rendu au public, renforcera la coordination sur le terrain, et apportera une plus grande efficacité dans le soutien apporté aux associations spécialisées et à la recherche dans ces domaines », est-il ajouté.

Le rapprochement entre dérives sectaires et radicalisation avait fait l'objet de vives contestations à l'automne dernier, lorsque la nouvelle organisation avait été annoncée.

« Si on noie la Miviludes dans un organisme, cela ne mobilisera plus toutes les administrations » comme aujourd'hui, avait déclaré l'ancien président (2008-2012) de la Miviludes, Georges Fenech, exprimant des « inquiétudes ». La lutte contre les dérives sectaires « n'a pas de lien direct avec la radicalisation », selon lui.

« La Miviludes a mené depuis des années et avec ses faibles moyens un travail remarquable : elle a su tisser sur le terrain des liens forts avec le réseau associatif qui lutte lui aussi pour aider les familles et les victimes des manipulateurs de tous bords. Sa disparition ou sa "métamorphose" constitue un signe inquiétant de déchéance de rationalité », avait réagi le sociologue Gérald Bronner sur Facebook.


Source : lequotidiendumedecin.fr