Grippe saisonnière dans les EHPAD

Des antiviraux post-exposition

Publié le 14/03/2012
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« LE VIRUS prédominant qui circule cette année est le A(H3N2). Plus virulent que la souche A(H1N1), il est connu pour atteindre plus particulièrement les personnes âgées, ce qui justifie la mise en place, à la demande du ministère chargé de la santé, de mesures spécifiques au sein des EHPAD (renforcement des mesures d’hygiène, prescription d’antiviraux ... », indiquent le ministère de la Santé et l’Institut de veille sanitaire. Le dernier bulletin épidémiologique de l’Institut de veille sanitaire indique que depuis le début de l’épidémie, dont le pic épidémique a été franchi la semaine dernière, 150 cas graves ont été signalés, essentiellement chez les adultes et « plus de 500 épisodes de cas groupés de syndromes grippaux ont été notifiés par les établissements qui accueillent des personnes âgées (EHPAD) ». Selon le ministère de la Santé, si des tensions peuvent persister ponctuellement dans certains établissements, « la tendance est à l’amélioration et au retour à la normale ».

Depuis le début du mois de février, les données de mortalité toutes causes montrent « une augmentation qui concerne plus particulièrement les personnes âgées de plus de 85 ans ». Cette hausse, expliquent l’InvS et le ministère de la Santé, cette hausse « est vraisemblablement liée à l’épidémie de grippe mais pourrait également refléter la vague de froid du début du mois de février ».

Un avis du HCSP.

Les caractéristiques virologiques et épidémiologiques de l’épidémie 2011-2012 ont conduit la Direction générale de la santé (DGS) à solliciter une « saisine urgente » du Haut Conseil de la santé publique (HCSP) sur la prise en charge des patients suspects de grippe dans les collectivités de personnes âgées, le 27 février dernier. Dans son avis adopté le 5 mars dernier, le HCSP souligne que le sous-type A(H3N2) prédominant n’avait pas « circulé dans la population française au cours des deux saisons précédentes » et que des « virus antigéniquement variants par rapport à la souche vaccinale A/Perth/16/2009 » circulaient aussi parmi les virus A(H3N2).

Le HCSP recommandede s’appuyer sur l’avis du CSHPF du 16 janvier 2004 relatif à la prophylaxie chez les personnes à risque lors d’une épidémie de grippe dans une collectivité, en période de circulation du virus grippal, dans l’attente de la révision en cours du « Guide des conduites à tenir devant une ou plusieurs infections respiratoires aiguës basses dans les collectivités de personnes âgées ». Toutefois contrairement à ce que prévoit l’avis de 2004, en l’occurrence la mise en œuvre impérative d’examens virologiques destinés à documenter les cas groupés de grippe avant d’initier toute prophylaxie, le HCSP précise que les prélèvements « doivent être pratiqués seulement sur le ou les premiers cas, idéalement dans les 72 heures après le début des symptômes ». Ceci, afin de tenir compte du contexte épidémique et du nombre de patients âgés actuellement touchés par la grippe au sein des collectivités de personnes âgées,

Quant au traitement antiviral prophylactique post-exposition, il « doit être initié, dans les 48 heures qui suivent un contact avec une personne ayant présenté un syndrome grippal, sans attendre la confirmation virologique suite à l’analyse de ces prélèvements ».

Le HCSP rappelle que les recommandations sur l’utilisation des antiviraux chez les patients en extra-hospitalier pour le traitement en curatif et le traitement en post-exposition, concernent « le virus A(H1N1)pdm09 dans le contexte post-pandémique et ne s’appliquent pas à la gestion de l’épidémie saisonnière en cours ».

 Dr LYDIA ARCHIMÈDE

Source : Le Quotidien du Médecin: 9098