Soins de suite et de réadaptation

Des patients de plus en plus lourds

Publié le 20/09/2011
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Crédit photo : O. QUARANTE

DE NOTRE CORRESPONDANT

LA CLINIQUE Roz Arvor, établissement de soins de suite et de réadaptation de la périphérie nantaise, a inauguré récemment une extension de son bâtiment. Extension qui permet de passer de 80 à 95 lits. Mais, le moral n’est pas au beau fixe, semble-t-il. Le problème ? La prise en charge de ces 5 à 10 % des patients qui, selon la directrice Marie-Agnès Michaud, « ne sont pas préparés à ne pas rentrer à leur domicile ». « On désengorge, de plus en plus précocement, les services de MCO et on génère pour nous-mêmes des problèmes de prise en charge, explique cette dernière. Nous travaillons avec les longs séjours et les EHPAD (établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) pour trouver des solutions mais, faute de places, ces patients stagnent ici, alors que nous ne sommes pas prévus pour ça… »

« L’impossibilité de placer certains patients âgés en maison de retraite, en raison de longues listes d’attente ou de l’incapacité de maisons de retraite à dispenser les soins particuliers qui sont nécessaires à ces personnes sortant de SSR, conduit les établissements à prolonger le séjour de ces dernières, alors que ce n’est pas leur rôle et qu’ils n’ont pas toujours une capacité d’accueil suffisante pour le faire », ajoute Théodore Amarantinis, délégué général de la Confédération des soins de suite et de réadaptation (CSSR)*.

À Roz Arvor, comme dans les autres établissements SSR, on attend donc des financements supplémentaires. Car les soins de suite et de réadaptation classiques, dans cet établissement dit à orientation gériatrique, entraînent déjà des charges élevées. Soixante-deux salariés, dont quatre médecins et 13 infirmières, pour 1 160 patients accueillis en 2010 sur une durée moyenne de 28 jours ; des patients dont la moyenne d’âge de 75 ans est déjà importante ; un plateau technique de kinésithérapie avec balnéothérapie pour les soins de rééducation locomotrice ; sans parler des soins palliatifs réalisés dans le cadre du réseau Respavie ou du centre de biologie médicale spécialisée… Bref, une structure conséquente pour un public globalement « plus lourd à prendre en charge, car présentant une polypathologie et une liste déjà longue d’antécédents », selon le Dr Anne Bonnel, un des quatre médecins généralistes de Roz Arvor.

« Prévus pour intervenir entre une hospitalisation de courte durée et le retour du patient au domicile ou dans le secteur médico-social, nous avons à prendre en charge de nombreuses affections en SSR, explique ce médecin. Ces affections sont liées à la dépendance et/ou au grand âge, et touchent l’appareil locomoteur ou les systèmes cardio-vasculaire et respiratoire. Mais nous avons aussi des pathologies lourdes : AVC, paraplégies, post-infarctus, cancer… Près de 17 % de nos patients sont là pour des suites d’une pathologie cancéreuse. Dans le même temps, les suites d’une orthopédie programmée ont tendance à diminuer et se situent actuellement à 30 – 35 %. »

Ingérable.

Pour faire face à cette nouvelle configuration et au besoin de nouvelles sources de financement (la CSSR indique qu’aucun de ses établissements adhérents ne fait de dépassements d’honoraires), et alors que la tarification à l’activité est prévue pour 2013 dans ce secteur, la clinique Roz Arvor a imaginé créer un service d’hôtellerie sur son site nantais, justement pour accueillir cette population « problématique », à la fin du séjour en SSR et attente de place en EHPAD, mais la réponse a été négative. « Il nous a été répondu que cette activité relevait du médico-social », explique Marie-Agnès Michaud.

« L’heure est grave pour notre secteur, insiste le Dr Gabriel Bossy, président de la CSSR. Nous ne pourrons plus absorber sans contrepartie des patients de plus en plus lourds qui nous parviennent de plus en plus tôt (…). Le poids technique et les thérapies médicamenteuses sont ingérables en l’état actuel de nos tarifs. Nous ne pouvons plus absorber non plus le poids social, la dépendance des patients du fait de la démographie médicale ou par défaut de coordination des services à domicile. »

* La CSSR est l’organisation représentative des 480 établissements privés de SSR, qui assurent près du tiers de la prise en charge globale de ce secteur d’activité. C’est l’un des 3 syndicats de spécialités de la Fédération hospitalière privée (FHP).

OLIVIER QUARANTE

Source : Le Quotidien du Médecin: 9007