Effet préventif des antirétroviraux

Élargir le dépistage devient urgent

Publié le 18/05/2011
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APRÈS la publication des résultats de l’étude confirmant l’efficacité des antirétroviraux dans la réduction du risque de transmission du virus entre partenaires chez les couples sérodiscordants, le Conseil national du sida (CNS) souligne que l’effet préventif du traitement ne peut être pleinement obtenu qu’à une double condition : « parvenir à un dépistage beaucoup plus large et précoce de l’infection » et « inscrire le nouvel outil dans une approche de prévention combinée ». Le CNS réitère ainsi son avis suivi de recommandations sur l’intérêt du traitement comme outil novateur de lutte contre l’épidémie d’infections à VIH. Il y affirmait déjà que le « traitement peut constituer un outil puissant de contrôle de l’épidémie » et appelant les pouvoirs publics à « renforcer l’offre de dépistage » et à « améliorer la continuité entre le dépistage et la prise en charge afin d’augmenter le nombre de personnes dépistées et traitées ».

Volonté politique.

Le CNS lance par ailleurs un appel : « La volonté politique de mettre en œuvre ces stratégies doit, sans attendre, être très fermement affirmée ». Le Conseil a déjà à plusieurs reprises alerté sur l’absence de cohérence de l’action publique avec d’un côté, un plan de lutte contre le VIH/sida et les IST (2010-2014) qui favorise de nouvelles approches de dépistage notamment envers les populations vulnérables et introduit la notion de « prévention combinée » et d’autre part, des dispositions législatives qui renforcent l’accès aux soins et à la prévention des plus vulnérables.

Les résultats de l’essai HPTN 052 ont été accueillis comme une avancée prometteuse, « une étude phare » qui « pourrait bouleverser le traitement et la prévention du VIH », affirmé l’un des auteurs, le Dr Wafaa el-Sadr (Université Columbia à New York). L’étude réalisée auprès de 1 763 couples sérodiscordants, pour la plupart hétérosexuels (97 %) confirme que la mise sous traitement diminue très fortement le risque de transmission du virus par voie sexuelle. Dans cette étude multicentrique en double aveugle la moitié des sujets inclus avec un taux de CD4 compris entre 350 et 550 cellules/mm3 ont bénéficié d’un traitement antirétroviral. Dans ce groupe, seulement un cas de transmission a été observé contre 27 dans l’autre groupe traité plus tardivement selon les recommandations de l’OMS, soit une réduction de 96 %*. Au vu de ce résultat, l’OMS a annoncé de nouvelles recommandations en juillet 2011. En France, les recommandations devraient aussi évoluer, selon le Pr Jean-François Delfraissy, directeur de l’Agence national de recherches sur le sida et les hépatites. « D’ores et déjà, il est raisonnable, estime-t-il, de proposer, chez les couples sérodifférents, de traiter le plus vite possible et quel que soit le niveau de CD4 ». Lui aussi met en garde : « Il ne faut pas croire que les antirétroviraux sont entrain de résoudre le problème du VIH. Le croire serait une grave erreur ». Les antirétroviraux sont un outil supplémentaire qui s’ajoute à la prévention combinée.

*Dans notre édition d’hier, il fallait bien sûr lire « dans le groupe traité plus tardivement, 27 cas d’infection du partenaire ont été observés contre 1 cas dans l’autre groupe ».

 Dr LYDIA ARCHIMÈDE

Source : Le Quotidien du Médecin: 8965