20 000 enfants suivis pendant 20 ans

Elle va naître, la cohorte ELFE

Publié le 24/02/2011
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Crédit photo : AFP

LE JOLI nom de ELFE est venu tout simplement pour signifier Étude longitudinale française depuis l’enfance. Le projet a été lancé en 2006, la cohorte, première de ce type en France, va être constituée cette année et sera suivie, autant que possible, jusqu’en 2031. Dans « Population & Sociétés »  (n°475), les responsables de l’étude*, pilotée par l’INED (Institut national d’études démographiques) et l’INSERM, en expliquent les ambitions et les méthodes.

L’ambition est celle de comprendre comment l’environnement affecte le développement des enfants, leur santé, leur socialisation et leur parcours scolaire. Un objectif d’autant plus intéressant que cet environnement a beaucoup changé au cours des dernières décennies : prolongement de la scolarisation, modification des habitudes alimentaires, réduction de l’exercice physique, accroissement de la pollution atmosphérique, exposition à de nouveaux polluants chimiques, diversité des histoires familiales, etc.

Ainsi, outre les gènes, les facteurs en jeu dans le développement sont nombreux et ont de multiples interactions. Seul un suivi de cohorte donne la possibilité d’appréhender les responsabilités respectives. La France a donc décidé de constituer un tel échantillon, comme l’ont fait nombre de pays anglo-saxons, et notamment la Grande-Bretagne, avec la cohorte Millenium de 18 800 enfants.

Le soutien de plusieurs ministères (Recherche, Santé, Écologie), l’impulsion la plus déterminante venant du plan Santé Environnement 2004-2008, l’appui de l’INED, de l’INSERM, de l’Institut de veille sanitaire et de la Caisse nationale des allocations familiales ont permis de mettre en œuvre ce projet pluridisciplinaire. Une étude pilote, réalisée en 2007 sur 500 naissances a validé la méthode et différents paramètres pour la collecte des données, en particulier les prélèvements biologiques en maternité (rapport sur le site de l’InVS).

Plus de 90 recherches.

Les grandes étapes de l’étude ont été définies. L’observation du développement commence dès la maternité, dans les jours suivant l’accouchement : entretien avec la mère, recueil de données médicales sur le déroulement de la grossesse et l’examen du nouveau-né, questionnaire sur l’alimentation et les expositions pendant la grossesse et recueils biologiques (sang de cordon, lait, urines maternelles, cheveux de la mère). L’étape suivante a lieu 6 à 8 semaines plus tard, avec des entretiens téléphoniques avec la mère puis avec le père. C’est un élément original d’ELFE d’impliquer le père, dont la place et la fonction ont fortement évolué récemment et qui sera régulièrement contacté. Se succéderont ensuite des enquêtes par téléphone ou en face-à-face, des évaluations de l’enfant (jeu à 3 ans, test psychomoteur et examen médical à 6), de nouveaux prélèvements biologiques, des mesures de l’exposition à certains polluants par des pièges à poussière à l’intérieur du domicile... Pour limiter le poids de l’enquête pour les familles, il est envisagé de recueillir des données sur leurs consommations de soins auprès de la Sécurité sociale (système de gestion des données SNIIRAM).

À ce jour, plus de 90 projets de recherche impliquant près de 400 chercheurs sont prévus sur différents thèmes. Il s’agit par exemple : d’identifier, parmi les polluants de l’environnement, ceux qui présentent un risque pour les personnes vulnérables aux niveaux d’imprégnation rencontrés en France ; d’établir de nouvelles courbes de croissance physique pour le carnet de santé ; de mieux connaître les pratiques en matière d’alimentation précoce du jeune enfant ; d’étudier les inégalités sociales de santé chez l’enfant ; de mieux comprendre les facteurs qui interagissent très tôt pour influencer les trajectoires scolaires – but ultime, réduire l’échec scolaire ; de mesurer l’impact de l’exposition aux médias et aux nouvelles technologies de l’éducation sur le développement de l’enfant.

Pour en savoir plus et suivre l’évolution de l’étude : www.elfe-france.fr.

* Marie-Aline Charles, Henri Leridon, Patricia Dargent, Bertrand Geay, unité de recherche mixte ELFE.

RENÉE CARTON
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Source : Le Quotidien du Médecin: 8912